Your Brain Is My Bedroom

Your Brain Is My Bedroom

Contacter l'organisateur

La galerie Les filles du calvaire a le plaisir d’annoncer l’exposition « Your Brain Is My Bedroom », une exposition collective dont le commissariat a été confié à Ange Leccia. Avec les œuvres d’Hoël Duret, Emma Dusong, Florian Mermin, Ange Leccia & Nidgâté.

Qui pourrait croire aujourd’hui à l’existence d’une vie privée comprise comme une séparation stricte à l’égard de la sphère publique et un retrait dans la tranquillité ? Qui imagine encore sa maison ou son appartement comme le lieu de protection d’une intégrité physique et mentale ? De la paranoïa à l’égard des webcams aux multiples mises en scène de soi sur les réseaux sociaux, il semble devenu tautologique d’énoncer que la notion d’intimité a volé en éclats, sans même avoir besoin de faire référence à la modélisation communautaire de nos comportements ou au conditionnement culturel de notre sensibilité. Ce qui paraissait encore appartenir il y a un demi-siècle au domaine de la subjectivité a été expulsé en dehors de nos vies, telle l’expression de structures qui codifient à la fois nos affects et nos pensées. Pour autant, ce constat ne se veut pas anxiogène : il n’a pas pour ambition d’amener à l’abandon d’une énonciation singulière, mais de souligner la porosité entre intérieur et extérieur, entre le moi et les formes hétérogènes d’altérité. À ce titre, l’espace privé est devenu une articulation complexe entre des éléments psychiques et objectifs qui traduisent l’implication de multiples signifiants dans la constitution de l’identité.
Your Brain Is My Bedroom joue ainsi avec la notion d’espace domestique pour mieux la fissurer. Du jardin à la chaise à bascule en passant par l’aquarium et le bac à linge, nombreux sont les objets du quotidien exposés ici qui renverraient à l’univers confortable de ce que les Grecs appelaient l’oikos. Sauf que l’ensemble de ces choses n’appartient plus à proprement parler à un refuge et que de légers déplacements viennent créer des coupures sémiologiques et détraquer doucement la définition de l’habitation. C’est une porte visible au milieu d’une salle ou la maquette d’une demeure qui ressemble à un amoncellement de limaces. C’est aussi un film qui montre une suite interminable de pièces banales renversant le principe d’un exercice de concentration pour éliminer le stress et finissant par provoquer une tension. En fait, l’espace n’est jamais neutre contrairement aux injonctions que recèle le white cube de l’exposition qui se veut toujours disjonction. Et si la maison se fissure, c’est parce que chacun y vient avec ses rêves, ses souvenirs, ses fantasmes, ou même ses projections qui peuvent glisser vers le domaine de l’anticipation. Le cerveau et la chambre s’échangent dans une attitude où l’étrangeté est à proximité, où la violence n’est pas exempte de suavité.

Fabien Danesi

Identifiez-vous Créez un compte

Vos informations ne seront pas vendues. Notre politique de confidentialité.

 

×
Créez un compte Vous avez déjà un compte ?

 
×
Vous avez oublié mot de passe et/ou identifiant ?
×

Go up