Vian, mots chroniques en Fa majeur

« Etant donné trois planches, quatre chiffons et six bonshommes, en faire voir au spectateur dix fois plus qu’il n’en verra jamais à tous les obérons de la place de l’Opéra ».

Ainsi Boris Vian conçoit-il le cabaret, nouveau genre qui vient renouveler l’art dramatique au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale. Sensibles à cette tradition, nous associons la verve de l’auteur de L’écume des jours à ses plus célèbres chansons. L’originalité du travail que nous entreprenons repose dans l’adaptation de ses chroniques de presse. C’est là un aspect moins connu de Boris Vian, mais il écrivit pour de nombreux journaux à forte audience. Toutes les passions y sont représentées, et par les trois faces du rire qui le caractérisent – la satire, l’absurde et la fantaisie – il jette un regard aiguisé et lucide sur son temps. Quelques fois, nous sommes à deux pas de l’art de la nouvelle, avec comme toile de fond Saint-Germain des Prés. La bonne humeur y est exaltée dans la tradition d’Alphonse Allais. Il confère à ses textes le style jazz et le goût des mots que nous lui connaissons, mais aussi ses talents de dramaturge. Cette théâtralité singulière et éclatante a suscité en nous le désir, de longue date, d’adapter ces textes pour la scène et de les jouer enfin. C’est ce projet auquel nous vous convions, pour célébrer, par des outils politiquement incorrects, la liberté dans l’écriture.