Vernissage “Institut Skolios” – Anaïs Armelle Guiraud
- Du 07/05/2022 au
- Localisation : L’Artesan
- Site de l'événement
- Organisateur : *
Mon travail plastique fait appel à des éléments issus du vêtement, de la parure et de l’esthétique. A mon sens, ce sont des éléments qui ne sont jamais gratuits, ils n’existent pas uniquement “pour faire beau”.Lorsque l’on remonte dans le temps, nombreuses furent les femmes engoncées dans leur jupon en crinoline, respirant difficilement à travers leurs corsets serrés, se poudrant de maquillage nocif… L’apparat est dès lors, très souvent lié à une contrainte. Contrainte qui existe sur tous les corps, mais qui se concentre majoritairement sur les corps féminins.
Institut Skolios a commencé à émerger lors de ma rencontre assez hasardeuse avec le “Bride Bavarde” : un instrument de torture et d’humiliation né aux alentours du 17e siècle (royaume- uni) destiné exclusivement aux femmes et dont le but était d’empêcher les concernées de s’exprimer. Certains sont ornés de fines décorations ou bien de clochettes afin d’attirer l’attention sur les femmes punies et ainsi donner l’exemple. Le bride bavarde, tout comme la robe lourde, exerce tout son poids sur la femme. On contient désormais le corps de force, mais aussi la parole. Le bride bavarde comme prothèse punitive du corps mais aussi de l’esprit.
Le corps se retrouve contraint dans de nombreuses situations du quotidien. On y accorde une plus grande importance dès lors qu’il est cassé ou qu’il est estimé “de travers” et que l’on souhaite le corriger ; on l’affuble d’un plâtre, attelle ou tout autre objet médical visant à le faire se tenir dans une position ou attitude bien particulière.
L’institut Skolios s’envole dès lors que je confronte mes recherches au parcours médical auquel j’ai du faire face lors de ma jeunesse (de longues années de tentatives de “déskolioser” mon dos qui se sont finalement révélées inutiles) que j’avais complètement normalisé, digéré et oublié. Ainsi, mes souvenirs personnels et ceux de mes proches, parfois romancés, se lient intimement et se mélangent avec les informations récoltées lors de mes recherches de genre, historiques et sociales.
L’institut Skolios, dont on pourrait éventuellement me considérer comme la chirurgienne principale; questionne notre rapport au corps ; à sa posture droite et à ces objets du quotidien qui l’entourent et l’encadrent. Je récolte des témoignages, je me plonge dans mes recherches, j’analyse des situations, puis j’invente et réalise des objets questionnant l’histoire du corps et de sa posture. Je les mets ensuite en action, portés, au sein de mes mises en scènes photographiques.