SYLVAIN GÉRARD

Des lointains si présents. À sa douleur physique intense Sylvain Gérard semblait vouloir mêler une angoisse malicieuse. Une façon d’écrire l’envers un bonheur de vivre. Parce qu’il était heureux dans le dessin, pas chanceux mais heureux. Il réussissait ce qui était raté chez lui et dont il n’était pas responsable: ses jambes ne le portaient pas mais il portait ses jambes.

La force, acquise par le maniement du fauteuil roulant, lui offrait des noirs bouleversants quand il maniait le fusain et les nuances qu’il savait en tirer valaient toutes les couleurs du monde.

Le reste, il le maîtrisait avec une énorme culture, un peu d’alcool et une philosophie cruelle qui le faisait cheminer, allez savoir pourquoi, aux côtés de Toulouse-Lautrec.

Cette exposition sera également un hommage Gérard Coulet, qui vient de disparaître et qui animait avec conviction le fonds communal d’art contemporain Marseille. Gérard et Sylvain partageaient le handicap d’être hémiplégique: ils avaient noué une solide amitié, la vie les a fait disparaître dans la même année au point que certains les ont confondus en apprenant leur décès.

Quelques lignes pour saluer celui qui, au fil des années, a été un soutien et un exemple d’abnégation, de bonne humeur et d’amicale constance pour les artistes et pour la Galerie du Tableau.

Bernard Plasse