Jurgen Ostarhild expose six images de 2 mètres sur 3 dans l ‘ Espace Créateurs du Forum des Halles.
Imprimés en recto verso, des visages virtuels surplombent la circulation dense du centre commercial : quatre hommes et deux femmes. Leurs traits sont tirés d ‘ une base de donnée morphologique créée pour l’occasion : des captures d’écran qui ont été mixées selon les canons d ‘ une beauté hybride et glacée, extrapolée par l ‘ artiste partir de son expérience comme photographe de mode. Des replicants. Rien ne dénonce l ‘ artifice. Cadrage photomaton, expression perceptible minimum. La descente du cou laisse deviner l ‘ absence de vêtements. C ‘ est la composition des pixels qui fait ici le style. Au coeur d ‘ un des plus grands complexes d ‘ interconnexion et de consommation du monde, l ‘ artiste teste le sex-appeal de ses images. Il nous dit que tout ici est fiction. Mais qu ‘ il faut des corps sensibles pour y croire et s’y mouvoir. Quest-ce qui excite les jeunes métropolitains dans cet espace ouvert aux multiples usages ? L ‘ attrait de leur propre portrait-robot ? Une belle apparence standardisée qui les maintiendrait l ‘ abri du Body Dysmorphic Disorder menaçant les personnes obsédées par le moindre défaut physique ? Jurgen Ostarhild se refuse juger comme interpréter les fantasmes des shopping addicts. Il se demande juste ce qu ‘ on se mettrait imaginer si on pouvait se composer un visage comme on choisit ses vêtements. Le Forum des Halles annule chez ses visiteurs le souci de l ‘ identité, de l ‘ origine, des différences, l ‘ exception de celles entre les sexes. On y vient « stylé », la recherche d ‘ un feedback. La question n ‘ est pas de s ‘ identifier – ou non aux faceimages que fabrique l ‘ artiste. Il n ‘ y a personne derrière ces images. Elles expriment un désir d ‘ extériorité pure, dont l ‘ exposition mesure l’ impact.