Les tutus, les danseuses.
De plâtre, de lin, de bois et de bronze.
En creux, en ronde bosse, en surfaces polies de bronze, nues, elles déploient
leurs corps comme des voiles. En plissés délicats ou en froufrous froissés
elles plissent la tôle de leurs tutus. Elles sont passées par là, sur la
transparence du lin tendu sur le châssis. Le corps rompu au travail, elles
sont passées dans la lumière, des coulisses à la scène. Il ne reste sur la
surface de la toile que l’empreinte de leur corps, de leurs pieds malmenés.
Quelques chaussons délacés, abandonnés dans le plâtre évoquent la sueur,
la douleur et les blessures. Les chaussons d’Apolline. Le plâtre, comme une
gangue d’où l’on a extirpé les formes contenues, garde, dans sa surface
soudain sculptée en creux par le poids d’un pied, le souvenir du
mouvement, de la chaleur d’un corps, des pulsations accélérées d’un cœur.
Légèrement et puissamment piétiné, pétrifié, le plâtre sur la toile comme un
grand livre ouvert. L’œuvre de Guillaume Werle est une chorégraphie
calligraphiée.
Danièle Bloch,
Professeur d’Histoire de l’Art à l’Ecole du Louvre.

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