Presentation du livre “Paralelo 42” de Martin Reyna

PARALELO 42°
Martin Reyna
Editions
Estela Gismero
Design graphique
Manuela López Anaya
Texte
Philippe Cyroulnik

 Depuis un peu plus  de trente ans Martin Reyna a tracé un chemin et progressivement, il a configuré le territoire spécifique  où son œuvre se déploie aujourd’hui.

Ce qui a nourri sa peinture depuis si longtemps c’est une double relation à la peinture à travers l’expérience de la couleur et du tableau, et une confrontation à l’histoire latino -américaine et européenne de la peinture.

Car à partir des années 90 son œuvre sera vivifiée par un va et vient constant entre l’Europe et l’Argentine, je pourrais dire entre une terre latino américaine riche de ses lumières, de ses syncrétismes et de sa symbolique et un humus occidental qui s’est nourri d’une double immersion dans l’espace européen et américain.

Martin Reyna a fait du papier la terre et le lit de la couleur… Il a laissé l’eau y dessiner la peinture.

L’aquarelle souvent confinée, au dessin ou à l’intime, prit dans son œuvre  un envol qui l’entraina au large de la peinture lui donnant l’amplitude d’une monumentalité ou d’un territoire. Du coup, l’aquarelle se déploie du dessin au tableau sans rupture.

Ces papiers ont quelque chose de tellurique. L’œuvre est ici «l’acte même de la peinture et le résultat correspond à l’action de la lumière, du paysage, du contexte et de la couleur sur la surface du papier.»

La peinture de Martin Reyna a une force subtile qui la fait persister en nous. Elle a l’insistance de l’écho et l’évidence de sa présence. Elle est à la fois puissante et légère. Elle est riche d’une prosodie qui donne à notre regard et à notre mémoire, comme une couleur inconnue bien que familière et un rythme qui nous fait quitter la monotonie des jours. «Ma peinture n’est ni une allégorie ni une histoire, elle relève plus du poème » déclarait Joan Mitchell. C’est une définition qui convient parfaitement à la peinture de Martin Reyna.