PORTRAITS DE BOUCHE – Sculptures
- Du 03/12/2012 au 15/01/2013
- Localisation : Galerie 28
- Site de l'événement
A propos des “Portraits de bouche” de Thierry Breton (1)
… C’est une histoire de natures mortes, comme en peinture. Des natures mortes pas si mortes que ça, évidemment. De mille et une façons, et quoique nous lui infligions, la nature divise, réajuste, répare, invente, imagine autre chose ou alors fait disparaître sans remord… Elle ne se soucie ni du trivial, ni de l’obscène, ni de la splendeur, ni de l’héroïsme. Tous, elle les absorbe avant de les ajuster différemment selon ses propres lois. Métamorphoses ou caprices, résurgences ou protubérances. Ni le laid ni le beau ne sont tout fait ce qu’ils nous font croire. Quant les dissocier… Une histoire dans laquelle il y a des poireaux, des poivrons, des maquereaux, des gousses d’ail, des carcasses de poisson, des pattes de poule, des écrevisses, des tomates, des insectes, des hybrides… Pour qui regarde le monde – et les autres – sans vigueur, sans vindicte, sans bonté, ce pourrait être l des formes neutres, objectives, glacées, statiques, sans histoire ni blessure. En réalité, ce sont autant de petites fables du vivant et des accouplements incessants qui ordonnent le vivant. Théâtre du monstrueux et du merveilleux confondus. Ni le laid ni le beau… Alors regarder d’un peu plus près ce théâtre d’un autre genre, ce serait, comment dire…, un peu “shakespearien.” Pour en saisir quelques-unes des passions ou des humeurs, il suffirait de porter les yeux sur les bas côtés et de nous regarder nous-mêmes, en face, dans le miroir de ce que nous sommes ou de ce qui nous anime. Nous y comprendrions peut-être qu’un poivron apparemment immobile – ou tout autre de ces sortes de miracles naturels, les uns définitivement ordinaires, les autres relevant de quelque combinaison accidentelle ou sublime – est peut-être un poivron qui bouge, un poivron qui baise ou encore un poivron qui pense… Daniel Conrod (1) Terres cuites émaillées. rn