Poésie et Philosophie

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Curriculum Vitae de l’artiste Xintian ZHU

Née le 26-05-1951 Kunming (Yunnan, Chine)

– Ex-professeur de l’Université de Hangzhou (Chine), a enseigné au Département d’Histoire, dans la section de Muséologie, « L’histoire de la peinture chinoise » et « La Théorie et la technique photographique ».

– Vice-présidente et Conservatrice en chef du Musée d’Art Oriental ASIATICA (France).

– Chercheur l’Institut Culturel Franco-Indien (Inde).

– Professeur-visiteur de l’Université de Tianjin (Chine) ; de l’Institut Industriel de Zhejian (Chine) ; Professeur-visiteur Exceptionnel de l’Université de Shenzhen (Chine).

– Membre du Conseil International de la Muséologie (ICOM-UNESCO-France) ;

– Sociétaire de la Société Nationale des Beaux-Arts de France ;

– Membre de la Fédération Photographique de France ;

– Membre de l’Association Mondiale des Artistes Chinois (U.S.A.) ;

– Membre de l’Association des Savants Chinois en Europe…

-1989 Obtention du D.E.A. l’Université Paris VIII (Études comparatives sur l’École de Yangzhou de la peinture chinoise et l’École Impressionniste française) ;

-1998 Obtention du Doctorat (Histoire de l’Art et d’Archéologie d’Extrême-Orient) la SORBONNE (Université Paris IV), sur « Les Vyala dans l’Art de l’Inde », avec mention « Très Honorable et félicitations du Jury »).

Son parcours d’artiste travers la tradition de la peinture chinoise

Cette exposition regroupe donc les œuvres de Mme Xintian Zhu, artiste-peintre, calligraphe et photographe, mais également conservatrice du Musée Asiatica. Originaire de Hangzhou, Mme Zhu est issue d’une famille de lettrés, ouverte aux arts et la science, qui l’a poussée dans ses études artistiques.

Tout d’abord, il faut connaître les bases de la peinture en Chine pour comprendre le parcours de Mme Zhu. En Chine, il est nécessaire de maîtriser quatre domaines précis pour être reconnu en tant qu’artiste accompli :

– La littérature (poésie et philosophie)

– La calligraphie

– La peinture

– L’art des sceaux

En Chine, la peinture n’a pas les mêmes bases qu’en Occident. La peinture chinoise est basée sur la calligraphie : la méthode de peinture est basée sur le trait et la perspective chinoise, qui est très différente de la perspective occidentale. En Chine, la peinture est donc une écriture part entière, une véritable poésie.

Pour comprendre la peinture chinoise, il faut comprendre les autres domaines qui s’y rattachent. Il ne s’agit pas réellement de peinture au sens occidental, mais de « peinture lettrée ».

La calligraphie est en évolution constante et chaque mot est un petit tableau en soi : les caractères chinois s’inscrivent dans des carrés en suivant un ordre établi pour exécuter les traits qui composent un mot.

La littérature ancienne est composée de règles pour les lignes, les tons [1] , les sons, les rimes… Tout comme en français, nous suivons des règles pour écrire un poème (strophes, rimes, alexandrins, quatrains…). La finesse de la littérature est transmise en fonction des connaissances de chacun, et chacun peut comprendre grâce ses propres connaissances. En poésie par exemple, l’art de la métaphore renvoie des œuvres anciennes et des notions, des mots : la pleine lune ne sera plus appelée la pleine lune, mais elle sera désignée par un ensemble de métaphores.

L’apprentissage d’un peintre est de faire des recherches sur les techniques anciennes :

– L’apprentissage de la calligraphie passe par l’étude des travaux des calligraphes anciens, par la copie de ce qui est connu et par le choix d’un style que l’on s’approprie. Ces recherches peuvent remonter jusqu’ la dynastie des Han (206 av. J.-C. – 220 apr. J.-C.), ou même plus haut.

– En poésie, il faut étudier spécialement les poèmes de la dynastie Tang (618-907), ainsi que, dans une moindre mesure, les poésies des dynasties précédentes et suivantes.

– Pour les sceaux, il est nécessaire d’étudier ceux des périodes anciennes, jusqu’ la dynastie Han.

Xintian Zhu a commencé la peinture depuis son plus jeune âge. Très jeune, elle se rend Yangzhou, ville traditionnellement très forte dans la peinture des lettrés. Puis en 1970, elle entre dans l’atelier d’un grand maître, M. Xie Xaosi, Suzhou où elle étudie la peinture traditionnelle/académique chinoise.

Après un an et demi, elle retourne Yangzhou où elle s’applique peindre au lavis des fleurs et des oiseaux, technique pour laquelle elle a acquis des bases solides ; mais elle ne se contente pas de ses efforts personnels. Elle s’instruit auprès de grands maîtres, tels que M. Wang Banzai, M. Jiang Zhenguang et Mme Li Shenghe, tous trois membres de l’Institut de Peinture chinoise de Yangzhou. Après avoir assimilé l’essentiel de leur enseignement, elle crée son propre style.

Elle apprend alors l’art de faire des lignes très fines, les œuvres prennent vie grâce la couleur qui donne la perspective. Pour réaliser une œuvre, il faut connaître au minimum dix-huit genres de traits différents. De plus, la main et le poignet doivent exécuter des gestes précis et nets. Ces traits servent exprimer les différentes qualités de matière.

Yangzhou, sous la dynastie des Qing, est la ville la plus riche de Chine. Elle abrite depuis toujours beaucoup de mécènes et attire donc des artistes et réunit des intellectuels. Une des écoles les plus réputées de la ville est l’école de Yangzhou (deuxième moitié du xvii e – fin du xviii e siècle), ou école des Huit Excentriques, une école de peinture que l’on peut rapprocher des impressionnistes en France (seconde moitié du xix e siècle) et considérée comme révolutionnaire. Il fallait respecter un certain niveau dans les quatre domaines liés la peinture pour ne pas perdre sa place. Un entraînement et un perfectionnement étaient nécessaires pour accéder ce niveau. Ces artistes ont donc mis l’accent sur l’expression et la perfection individuelle, refusant de suivre les règles établies par quelques peintres ou écoles de peinture classiques. Cette école a laissé une longue et forte influence jusqu’ aujourd’hui, et Mme Xintian Zhu a été imprégnée par ses techniques et par son esprit.

Dans la théorie et la tradition, ce que l’on montre au public, c’est le ressenti :

– les tableaux ne sont jamais remplis, il y a beaucoup de blancs, de vide, qui permet au spectateur de « s’évader », de rêver…

– chaque objet a son sens propre

– chaque objet est un symbole dont la signification a une longue histoire par la culture au fil des dynasties chinoises.

Xintian Zhu a étudié différents styles auprès de plusieurs maîtres. Ces styles vont du plus académique, gong bi, au plus libre, xie yi où il y a deux thèmes : le petit et le grand. La peinture utilise le trait simple et sûr pour capturer l’essentiel. Pour le petit xie yi on utilise un geste libéré des traits soigneux et académiques, tout en respectant une certaine minutie. Le grand Xie yi utilise un trait plus libéré encore, mais de manière toujours distinguer ce que l’on peint. Ces deux styles vont vers la simplicité, vers l’« essentiel » : un chat réalisé en peu de traits reste un chat parfaitement reconnaissable. Ce parcours confirme la philosophie de Zhuangzi : « Une fois établi le style très orné, il faut retrouver l’essentielle simplicité ».

L’artiste chinois n’utilise pas un modèle devant lui et ne s’installe pas devant un paysage pendant des heures. Il réfléchit et peint librement grâce son observation et une connaissance de fond. En Occident, le déplacement du modèle ou d’un élément du décor peut modifier les jeux d’ombres et de lumière et perturber le peintre.

En 1986, Xintian Zhu s’installe Paris et étudie l’École Nationale Supérieure des Arts décoratifs pendant deux ans. À cette époque, elle étudie la peinture occidentale qui était totalement absente en Chine ce moment-l . Pour comprendre la peinture d’un autre pays, il faut d’abord s’imprégner de sa civilisation, de son histoire et de sa culture. La peinture occidentale repose au départ sur les grands mythes grecs ou sur la religion. Elle ne possède pas de poésie ou de philosophie comme en Chine. Si parfois il y a un ressenti, le titre peut en gâcher l’effet : par exemple, un tableau représentant une maison au bord de l’eau est poétique, sauf si le titre indique « Inondation » ce qui rend la vision plus négative.

L’artiste va donc commencer par visiter les musées parisiens où elle réalise des exercices de copies par ses mains et par ses yeux.

– Exercice des yeux en cherchant reconnaître les peintres sans regarder le titre et sans influences extérieures.

– Exercice des mains en copiant tout d’abord les thèmes occidentaux avec des techniques chinoises.

– Ses premiers travaux, inspirés après des voyages en Inde, en Égypte et en Allemagne, etc., ont résulté en une série de tableaux réalistes dans l’esprit chinois. La seconde étape a été de réutiliser les techniques occidentales comme la peinture l’huile, la brosse, le pinceau tout en gardant l’esprit, la poésie et la philosophie, qui donnèrent naissance de nouveaux tableaux.

En Chine, dans la peinture traditionnelle, l’utilisation de l’encre est essentielle, car les nuances de l’encre permettent d’exprimer toutes les couleurs de la nature. De même que lorsque l’on regarde une photographie en noir et blanc, on ressent les couleurs. En France, la couleur est beaucoup plus présente et c’est le mélange de ces deux techniques (ajout de couleur la française et intégration de poésie la chinoise) qui ont permis l’artiste de créer de nouvelles séries.

Xintian Zhu présente un travail en constante évolution, cheval entre la tradition chinoise et les techniques occidentales. L’esprit est l’important. Il n’est pas nécessaire d’avoir des outils (supports et matériaux) de luxe pour réaliser une peinture. Ses tableaux présentent une envie de création, de changement de style au fil du temps pour aller contrario des artistes qui suivent une routine, car leur style est populaire ; des artistes qui veulent créer un style qui se fige très vite ou d’un art sponsorisé qui trouve vite ses limites. Toutes ces évolutions ont fait qu’en 1981, elle est la première artiste faire une exposition personnelle Pékin.

Son parcours travers le monde

Mme Zhu est une ancienne professeure du département d’Histoire, section Muséologie, de l’Université de Hangzhou en Chine, où elle a enseigné l’histoire de la peinture chinoise. Elle est actuellement chercheuse l’Institut Culturel Franco-indien en Inde et professeur-visiteur dans diverses universités chinoises. Elle est également membre du Conseil International de la Muséologie (ICOM-UNESCO France) et sociétaire de la Société Nationale des Beaux-arts de France.

Depuis 1972, elle a participé de multiples expositions. En 1981, elle est la première artiste de toute la Chine réaliser une exposition personnelle Pékin, exposition qui a réuni de nombreux grands maîtres qui ont certifié la valeur de l’artiste par leur présence.

Mme Zhu a exposé travers le monde : Pékin, Paris, Limoges, Berlin-Ouest, Mulhouse, Hambourg, Genève, Nuremberg, Biarritz, Anglet, Mumbai, Vienne, Hangzhou, Ahmedabad, Los Angeles, Toulouse, Suzhou, Shenzhen, Beijing, Hong Kong… Ces expositions lui ont valu plusieurs prix dont la médaille d’argent dans la catégorie peinture lors de l’exposition de la Société Nationale des Beaux-arts de France en 2008, au carrousel du Louvre. À ces occasions, elle a également donné plusieurs conférences et réalisé des démonstrations de son art.

[1] Il existe quatre tons en chinois pour accentuer les mots :

· le p remier ton : un ton haut continu, comme chanté plutôt que parlé

· le d euxième ton : un son qui monte d’un ton médian vers haut

· le troisième ton : un ton bas, ou descendant légèrement puis remontant

· le q uatrième ton : un ton descendant

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