Permanent Marker #1 : Home is a home is a home
- Du 12/11/2014 au 14/01/2015
- Localisation : Association Bourguignonne Culturelle
- Site de l'événement
Home is a home is a home. Le mot anglais home, se traduisant difficilement en français, nous projette au centre du questionnement artistique de Faustine Suard : l’espace que l’on habite et qui nous habite, avec lequel on s’identifie et duquel on se dissocie, avec qui l’on se fond, contre qui l’on se bat. Tandis que maison définit un corpus architectural, le mot home englobe plus largement un endroit concret ou plus abstrait, composé et défini par un individu et par son état d’âme ; home peut être la fois une maison en béton ou un corps en chair.[Il nous ressemble.]Gaston Bachelard constate qu’ « avant de devenir figure onirique ou lieu imagé de notre passé ou notre futur, la maison abrite et rend possible ce processus de mémoire. ». Faustine Suard transforme la matière en matière qui transforme.
Les ossements rigides d’une construction affrontent la nature organique de son matériau et les objets uniformes deviennent des individus, manipulés par l’évolution de la collectivité.[Il nous infecte.]L’espace mutant ne miroite pas toujours l’humain mais également l’étrangeté. L’artiste met en jeu des rapports de force confrontant le géant et le minuscule ainsi que l’ introspective et l’ « extrospective ». Venant de l’intérieur du contenant, le moléculaire s’apprête se répandre et reprendre le contrôle. Les murs le retiennent, il se retire, se repose, grandit de nouveau. Dans un équilibre incertain les virus envahissants et l’architecture résistante peuvent coexister.[Il nous submerge.]Les murs qui nous protègent ne sont pas inatteignables. Ils sont fragiles face aux influences extérieures. Les catastrophes s’infiltrent avec une force destructrice. La sculptrice et vidéaste questionne la déliquescence de chacun au moment d’une crise. Comment se sauver du silence qui s’étoffe jusqu’au vrombissement étouffant : l’espace est irréparablement déformé, les traces de l’individu noyées, il est trop tard.
La sélection de ces trois travaux présentés tord l’esprit du spectateur : les archétypes d’une maison, la miniature d’une maison, l’ intérieur d’une maison permettent tout sauf une mise distance. On est face des lieux de projection dans lesquels on circule ou s’arrête un instant, on se positionne, on reste face l’inconnu. On ignore ce qu’il se passera, ce qu’il s’est déj passé ou ce qui est en train de se passer. À quel point nous échappe le contrôle de notre espace intime et comment l’espace devient notre double physique et psychique ?
Hannah Deutschle