Periphery of the Night
- Du 01/07/2021 au 31/10/2021
- Localisation : IAC Villeurbanne
- Site de l'événement
- Organisateur : *
L’IAC de Villeurbanne accueille une monographie d’envergure, d’une ampleur encore inédite pour une institution publique française, de l’artiste et cinéaste thaïlandais Apichatpong Weerasethakul (né en 1970 à Bangkok), Palme d’or à Cannes en 2010, pour son film Oncle Boonmee, celui qui se souvient de ses vies antérieures.
Pour Periphery of the Night, l’artiste propose pour l’intégralité des espaces de l’IAC un projet qui offrira aux visiteurs une expérience à la fois psychique et physique, entre projections filmiques, dispositifs immersifs, créations de lumière et dispositifs holographiques. L’exposition présentera une vingtaine d’œuvres et 28 dispositifs de projections combinant différentes techniques en matière d’image (rétro-projection, projections suspendues, hologrammes), de son (dispositif 5.1) et de lumière (murs peints en gris et rouge, jeux de reflets, effets de miroirs etc.).
Parmi les œuvres présentées, on trouvera plusieurs nouvelles productions, dont une création, actuellement en cours de tournage pour l’IAC, qui s’intéresse aux mouvements de mobilisation de la jeunesse contre le régime autoritaire Thaïlandais qui a consenti à la Chine la construction de barrages sur le Mékong, asséchant le fleuve et privant les populations de nourriture, d’eau potable, de transports.
L’univers que développe Apichatpong Weerasethakul est intime et étrange, parcouru de fables polyphoniques.
De films en œuvres, d’environnements en vidéos, on y retrouve les mêmes lieux – la province de l’Isaan et les hôpitaux ruraux où il a grandi, une jungle épaisse, des caves obscures – les mêmes acteurs, les mêmes motifs, les mêmes questions. Dans un temps cyclique et dilaté, se dégage une atmosphère hypnotique. La lenteur et la nuit rendent tout possible, d’autant plus que l’artiste multiplie et entrelace les strates de sons et d’images ensommeillées, créant des entre-mondes où coexistent les êtres, humains et non-humains, fantômes et apparitions magiques, vivants et réincarnés. À travers l’ordinaire du quotidien, filtrent doucement des figures surnaturelles, les exactions communistes du passé, les marges délaissées de notre réalité. Le cinéma, perçu comme un déploiement de notre âme, devient un intermédiaire avec les diverses réalités, visible et invisible, temporelle et spatiale, qui nous apparaissent alors. La caméra patiente d’Apichatpong Weerasethakul, marquée par la pensée bouddhiste, exerce nos facultés techniques et spirituelles à percevoir d’autres niveaux d’écoute pour mieux vivre la maladie de notre monde.
C’est cette matière temporelle énigmatique qui se déploiera à l’IAC dans une expérience psychique et physique, en invitant le corps à flotter entre projections filmiques et créations lumineuses. Pour Apichatpong Weerasethakul, l’espace d’exposition est « un cinéma très particulier » où le public « imagine différents scénarios, comme si chacun était un personnage et qu’il pouvait se souvenir de ses différentes vies ». Les espaces d’exposition viendront alors se peupler et s’élargir de ces vies rejouées et rêves inachevés.