Patrice TABAR-NOUVAL 2012
- Du 20/02/2012 au 17/03/2012
- Localisation : La Capitale Galerie
Q uels mots pour dire un tableau ? Pour dire un peintre ? Rêver peut-être… L’atelier. Niché entre la Naissance et la Renaissance… Très loin, tout près, la ville tapageuse… Bourré de fragments, de traces, de pots et de verres, de pinceaux, spatules, grattoirs… Silence. Tapis dans l’ombre poussiéreuse de la passion, le jeune Rembrandt infaillible, brillant, techniquement irréprochable et, tout près de lui, au cœur du silence noir fêlé par un rais de lumière surgi d’on ne sait où… Rembrandt le vieux, le sublime… Tous deux, dans la mémoire du peintre, l’observent, tandis qu’il s’apprête l’art… Qui observe qui dans l’atelier muet où nul visiteur, pas même un radiateur, n’a droit d’asile ? Enfin l’orage éclate entre le peintre et ses toiles. Entre lui et lui. La main sait, le peintre hésite, oscille, erre. Exprès. Efface. Disparaît lui-même pour ne jamais se trahir. Le but, dans la peinture, ce n’est pas le truc parfait, abouti. Rien en art n’est abouti. Abouti sonne fini. Abouti sonne bout. Fin. Terminé… Une brume, peine. Qui est l , en train de peindre, qui est l , en train d’être peint ? Effacer. Effacer encore. Se perdre… Soudain, la couleur jaillit. Franchit la toile. Libre. Impudente. Se déploie. Et l’obscurité profonde, et la lumière brillante. Pastels. Fusains… Bouteilles rugueuses, fugueuses, imparfaites. Oubliées ? En attente ? Souvenir ou provocation ? Nature vive… Cri ou chant ?… Une chaise. Un corps, ce corps l . Féminin. Assis. Arrêté. Suspendu. Femme éternelle. Trêve de rêve Patrice Tabar-Nouval. Voir. Regarder. Regarder encore. S’arrêter. Écouter le silence bruissant. Figuratif sans hâte. Le temps est l . Incarné au féminin. Éclatant. Sombre. Le temps est l . Le temps passé peindre. Le temps passé effacer. Le temps passé ne pas, ne plus, ne jamais savoir. Passé réanimé, soulevé dans la mémoire sensuelle. Présent ardent. Le temps de la toile. Ici, sous nos yeux. Dos sombre offert la lumière, visage blanc né de l’obscurité… Nature vive. Avant ou après l’instant ? Elle attend ou elle se repose ? Femme instant. Immobile, posée pour toujours, au bord du mouvement. Sur le point de chavirer, de vaciller, de se mouvoir, d’aller vers… Toute forte, et toute fragilité. Brume peine. Nature vive… Clémentine Yelnik comédienne, auteure de théâtre, dessinatrice