Un « P » entre deux mondes
- Du 01/10/2006 au 02/10/2006
- Localisation : Lycée Charlemagne
- Site de l'événement
- Organisateur : Catalin GUGUIANU
Un « P » entre deux mondes
Catalin Guguianu travaille la lettre majuscule en colonisant les techniques et créant des performances pour nous inciter à participer à l’expérience esthétique de l’entre-deux.
« P » est la première lettre de « Pîrleazu’ » qui signifie littéralement en roumain « l’échalier », une sorte d’échelle-passage entre deux mondes séparés, entre l’Est et l’Ouest, là-haut et ici-bas, jadis et maintenant. Deux territoires de géométrie spirituelle encerclés qu’il faut enjamber avec culot et conviction.
Présentée dans deux volets distincts dans un intervalle de quatre ans, l’installation totale et immersive « L’ECHALIER – PÎRLEAZU’ » est conçue autour de son logo et de la lettre « P » comme signe référent, déconstruit et reconstruit. A l’occasion de la Nuit Blanche à Paris, la colonne lumineuse virtuel d’une projection sur un écran géant, se prolonge dans le ciel à mille mètres par le truchement d’un spot militaire. Dans le cloître des Billettes du 4e arrondissement, un Netsuke en forme de « P »; un accessoire miniature traditionnel japonais que l’on suspend à la ceinture, destiné à la méditation par reconstitution tactile et mentale, accompagne chaque visiteur dans ce parcours initiatique. Celui-ci découvre des installations virtuelles et réelles, des œuvres graphiques, des peintures numériques et à l’huile, des objets surdimensionnés ou sous-dimensionnés, des films, des fréquences sonores, percussionnistes et olfactives. Quelques marches vertes d’un escalier formalisent le passage dans l’espace visible.
Sur ce terrain de la pluridisciplinarité, Catalin Guguianu convoque le « P » en générant une écriture des lieux. Cette typologie de l’espace se concentre autour de la lettre qui capte l’attention du regardeur sous tous les angles en tant que fragment et élément constitutif. L’artiste met en travail la diversité des supports. Des contrées esthétiques dédiées au métissage culturel qu’il sépare avec une certaine ironie pour faire apparaître la singularité universelle.
Il s’agit de passer au travers de l’intériorité et de l’extériorité. Cet entre-deux troublant s’envisage comme « l’inframince » d’un système de différences qui tend à palper une limite perceptuelle. Cette démarcation vibrante donne à voir plus intensément la frontière, l’intervalle imaginaire entre les deux mondes que l’on parcoure à pied et par la pensée.
Cette double logique de construction visuelle et conceptuelle devient utile à l’apparition de formes élargies, autonomes et intermédiaires.
Par agrandissement et amoindrissement, ces artefacts sont installés dans une relation de proximité. Si leur mise en abîme provoque un certain trouble, le « P » devient alors une unité de sens, un guide esthétique. Il invite à des projections mentales poétiques, réalistes et spirituelles dont il faut s’imprégner pour construire ses propres repères.
Catalin Guguianu se dégage d’une pratique qui applique les recettes de l’art conceptuel, sans en appréhender les fondements. L’organisation, les rapports quantitatifs, les valeurs sont autant d’équations esthétiques qu’il souhaite résoudre pour élaborer sa solution plastique.
Dans son parcours aussi réel que virtuel, on prend le temps de la contemplation et de la réflexion. Cette démarche l’artiste l’appuie également avec l’association culturelle artistique « L’ECHALIER – PÎRLEAZU’», une plateforme d’idées et de débats sur l’art et les tendances contemporaines sans frontières.
Canoline Critiks.