MARIE-PIERRE BUFFLIER

Ma pratique artistique se nourrit de l’attention que je porte aux objets domestiques.

Leurs apparences me fascinent ; je cherche comprendre ce qui dans leur façon d’être nous permet de nous sentir entourés, accueillis.

Mes propres objets cherchent s’approprier leur capacité solliciter nos corps sans utiliser les mots. Ils sont hybrides, ambigus, décalés.

De leurs modèles ils ne copient que les apparences : s’ils évoquent un pot, une lampe, ou un meuble, jamais ils n’en revendiquent les fonctions.

J’aime que face eux nous nous sentions la fois sollicités et empêchés d’agir, et je contredis systématiquement les invitations que leurs formes adressent nos corps par des choix de matériaux, de technique ou d’échelle qui nous maintiennent distance.

Je les veux délibérément superflus, décoratifs; je leur apprends ne pas nous servir. Je veux que nous percevions leur pauvreté, leur humilité, la distance qu’ils nous imposent comme un don, une invitation nous tenir debout, en face d’eux, sans vouloir les remplir, ni les écraser.

Marie-Pierre Bufflier – 2015