Macrosillon
- Du 06/04/2017 au 08/04/2017
- Localisation : Galerie BS
- Site de l'événement
Né en 1983 à Paris. Vit et travaille à Vitry.
Formé aux Beaux-Arts de Nantes et à la médiation culturelle à Angers, Matthieu Crimersmois a d’abord entamé une formation commerciale. Peu enclin à tromper son monde pour enrichir une société, il se retourne vers ses véritables passions : la musique et le dessin. Dès le départ, ces deux activités ont fonctionné en synergie. Matthieu a longtemps exercé comme scratcheur de musique hip hop. Avide de comprendre le fonctionnement des choses, l’artiste démonte sa table de mixage, et se met en tête de s’approprier la façon dont le son est capté et diffusé. Le futur de sa pratique sera consacré à l’exploration de cette donnée et de ses multiples possibilités. Crimersmois met rapidement au point un procédé « phonoptique », où ses platines sont reliées à toute une machinerie munie de film photosensible. Par le mouvement du scratch, il dessine. Le procédé, inventé au mitan des années 2000, est considérablement amélioré et l’artiste est aujourd’hui en mesure de dessiner comme il l’entend grâce à son travail aux platines. Il a tout d’abord réalisé des « partitions de scratch », extension visuelle de son mix, avant de se tourner vers l’abstraction, puis la figuration. Son travail porte tout aussi bien sur la sculpture que l’installation, au cours desquelles il interroge notre rapport aux médias et aux supports d’enregistrement et de diffusion disparus, le vinyle et la bande magnétique.
Le travail de Matthieu Crimersmois tourne autour de plusieurs axes de réflexion. Il y a dans un premier temps un hommage à toute une culture de l’art de rue : la musique, la contestation, la destruction, une certaine méfiance par rapport au monde contemporain. Ensuite, prend le pas une réflexion sur la possible désaliénation face aux médias. Ces vecteurs de message, à l’occasion de propagande, sont détruits et reconstruits par l’artiste, qui leur donne une nouvelle force et une autonomie : le vinyle comme la bande ne servent plus à véhiculer quoique ce soit, sinon à acter leur propre présence, à devenir les traces d’eux-mêmes. Crimersmois, de façon générale, court-circuite les logiques toutes faites, et nous impose de regarder de travers, par derrière. C’est tout la mystique de la face B qui se trame ici. Les œuvres ne sont pas seulement ce qu’elles paraissent : tel dessin d’un enfant jouant au ballon, réalisé avec les platines, est en fait l’image d’un allemand des jeunesses hitlériennes. Crimersmois nous rappelle sans cesse que les médias et leur contenu ne sont jamais neutres ni totalement inoffensifs.
Artiste graphique autant que musicien, Crimersmois s’inscrit autant dans une histoire du néo-pop qui nous invite à réenvisager les massmédias, que dans celle des « plasticiens musiciens », de Cage à Marclay. Simplement, sa démarche est singulière : en mélangeant dessin et musique, art classique et art de rue, il insiste sur le fait que c’est le second qui domine le premier. Le dessin, supposé inoffensif, car appartenant à un domaine bien défini et donc domestiqué, est donc le cheval de Troie d’une rage contre la société inhumaine.
Ce texte ne peut-être reproduit sans l’autorisation de la galerie BS.