Luminescences d’Emmanuelle Amsellem
- Du 27/02/2018 au 14/03/2018
- Localisation : Galerie Philippe Gelot
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C’est en méditant sur le pointillisme de Paul Signac et sur les « séries » de Claude Monet qu’Emmanuelle Amsellem a inventé par l’usage du couteau à palette une technique résolument singulière, méthode aussi exigeante que poétique, un néo-impressionnisme abstrait à la recherche de la lumière : l’absolu de la couleur monochrome.
Les toiles baptisées Variations ou Figures réalisent aujourd’hui la mission que Signac avait à la fin du XIXe siècle assignée à la peinture : produire « un maximum de couleur et de lumière ». Pour parvenir à cet éclat maximal, Emmanuelle Amsellem a choisi un genre, le monochrome abstrait, et trois couleurs : le bleu, le noir et le blanc. Le défi de l’artiste est de réussir à éveiller par les propriétés mêmes de la matière pigmentaire un nombre infini de valeurs chromatiques et lumineuses, toujours nouvelles et insoupçonnées. Grâce à la fragmentation de la couleur par la touche s’opère le miracle de ces toiles prismatiques et chatoyantes : c’est l’incessante métamorphose de la lumière, lumière qui ne cesse de varier au gré des heures, des jours, des saisons, selon la nature de l’éclairage – solaire ou artificiel – ou encore suivant l’angle de vue et la position du spectateur… La peinture, dès lors vivante, nous invite à une mobile contemplation.
Cette lumière qui naît de la matière ne vient pas du monde – ce qui exclut le figuratif – mais de l’espace même de la toile. S’impose alors le paradoxe d’un tableau qui serait littéralement une fenêtre ouverte sur l’intérieur, volets fermés ou paupières closes : à la fois sur un intérieur spatial – appartement ou habitacle – et sur une intériorité spirituelle, une chambre mentale – cérébrale ou mystique. La lumière irradie dans trois ensembles de toiles que nous identifierions en ces termes : les paysages – de véritables nocturnes abstraits, qui suggèrent la vision de mers ou de forêts –, les chambres noires – le laboratoire d’une pellicule cinématographique, la « Série Technicolor » – et les vitraux – panneaux décoratifs dont la construction géométrique, à la fois complexe, rigoureuse et aérienne, rend hommage à la splendeur des intérieurs architecturaux, aux verrières profanes de l’Art déco comme aux rosaces sacrées des cathédrales. Entre élégance et élévation, la quête de la lumière coïncide avec une recherche du mystère et de la grâce, de cette âme qui est toute la poésie de la peinture.
Sébastien Mullier