Les sirènes métalliques

Les sirènes métalliques de Philippe Sohiez

À quoi joue Philippe Sohiez ?

Quand un môme joue dans le sable ou les rochers avec ses petites bagnoles, on trouve ça normal, et puis ça l’occupe et pendant ce temps-l il n’y a pas le surveiller dans les vagues.

Quand Philippe Sohiez qui n’est plus un enfant, joue avec des bagnoles dans le sable, et en sort ses photos inspirées, le trouble nous prend.

Inspirées ses photos le sont, cela ne fait aucun doute. Nous ramènent-elles en enfance ? Non et heureusement, c’est fini ces conneries ! Laissons les enfants aux joies de leur âge, leur innocence, leur sens inné du jeu, leur manière d’être dans l’imaginaire avec une conviction qui n’appartient qu’ eux, pendant que nous nous débattons dans la réalité sans toujours savoir quoi elle rime.

Toutes ces bagnoles sont les personnages d’un film où elles arrivent par la mer les unes après les autres : certaines s’échouent, d’autres se plantent dans le sable comme dans la pochette du double The River de Springsteen, d’autres flottent dans une poche d’eau salée, et puis l’une s’enfonce côté d’une feuille morte, indifférente…

Ce film n’a jamais été tourné. Par contre l’album de Springsteen existe. Philippe Sohiez est inspiré par la poésie rock, par ce côté cabossé, par cette absurdité que ces bagnoles véhiculent sur la plage.

Comme un vrai artiste, il a fait n’importe quoi et force de jouer sur la plage, ses portugaises se sont désensablées : il n’est pas resté sourd l’appel des sirènes métalliques. Voil , pour ceux qui veulent des explications valables, ses bagnoles sont des sirènes.

Quand Philippe Sohiez joue sur le sable avec ses bagnoles, il ne faut pas le déranger et encore moins le surveiller car voici un poète qui découvre dans son viseur un monde qui n’existe pas, sauf pour ceux qui croient aux sirènes métalliques…

B. DE BAECQUE