“Les cris du signe”

es cris du signe

Une exposition double entrée :

Une partie dédiée aux « Métamorphoses » : grandes compositions empruntant au dessin et la peinture, dessinure et peintussin, qui naissent d’une énigme tractuelle réduite une composition et réalisée dans la couleur et la multiplicité de traits, encres et pastels.

Cette peinture hagarde et hallucinée, la technique pompeusement nommée mixte que j’appellerai plutôt volontiers tambouille ou tantabouille, s’ingéniera brouiller les signes du réel, quoique certaines apparitions, voire un air de famille, nous parlent d’un autre, peut-être nous-même.

Pour confondre un peu plus le réel et ne pas nous épargner les fausses notes, les Métamorphoses sont balisées de titres majoritairement empruntés la musique qui les a vus naître. C’est parfois l’œil qui entend.

Ailleurs c’est l’écriture qui va prendre le visible. Elle est partout, rhizomique et proliférante, elle hante depuis vingt ans mon travail dans le domaine de l’estampe. Certaine gaucherie, un solide rejet de la peinture, ainsi que la nécessité quasi ontologique de développer mon travail dans les champs du multiple, ont déterminé le recours la gravure et l’estampage.

L’emprunt sous la forme de la citation me permit de prolonger visuellement quelques-unes de mes obsessions textuelles. La gravure, déj toute traversée par les questions d’endroit, d’envers, de dextérité et de gaucherie, prêta son flanc divers jeux de langage.

Dans ce recours de multiples écrits-récits », la lettre aura figuré de diverses manières. Initialement, elle fut relief tangible, hyper présence du signe, mais surtout fragilité de la matière revendiquée comme essence même, hypothèse de tout devenir.

Par la suite, elle apparut dans sa singulière absence : couvrir pour mieux dévoiler, laisser deviner dans son corps même la profusion de signes.

Ecrire encore : plus récemment mon travail, nourri d’une expérience nouvelle au sein du collectif TALK*, m’a valu toute une série de réalisations hybrides, palimpsestes d’écrits citationnels et de symboles occasionnels saisis au cœur des pages et portés sur les feuilles sans le recours l’estampe selon la méthode carbone.

Ces œuvres papiers nous rappellent qu’originellement l’écriture est bien ce qui rend visible la pensée.

*TALK : Collectif Thierry Agnan Laverge Kroichvili