Leçons de choses
- Du 11/09/2021 au 30/10/2021
- Localisation : espace d’art Chaillioux
- Site de l'événement
- Organisateur : Pascale VEDERE d'AURIA
La leçon de choses est un principe éducatif, théorisé à la fin du XIXe siècle, consistant à partir d’un ou de plusieurs objets concrets pour matérialiser et faire acquérir à l’élève une idée abstraite.
Les sept plasticien(ne)s sélectionné(e)s pour la présente exposition explorent, chacun(e) à sa manière, ce que les choses peuvent nous enseigner, au-delà de leur aspect banalement utilitaire. Sans épuiser un sujet intarissable, les démarches des exposants que nous avons retenus sont originales, diversifiées et complémentaires : confrontation des choses et de leurs images, chez Danièle Gibrat ; remise en cause de leur hiérarchie, chez Benjamin Sabatier ; matérialisation de leurs fantômes chez Emmanuel Rivière ; tentative de cartographie de leur désordre chaotique chez Jeanne Rimbert ; métamorphoses de leur écorce chez Manon Gignoux ; leur impermanence et leur charge de féminité chez Pascale Védère d’Auria ; questionnements sémantiques sur leur essence chez Laurence Papouin.
Comme il est de coutume dans les expositions que nous organisons, un large spectre de techniques est représenté : peinture, dessin, photographie, assemblage, céramique, moulage, tissage, installation… br>Notre objectif sera pleinement atteint si le visiteur pouvait apporter sa propre réponse à ces vers de Lamartine :
Objets inanimés, avez-vous donc une âme
qui s’attache à notre âme et la force d’aimer ?
Comment ne pas penser aussi aux deux héros des Choses de Georges Perec pour qui un trop grand attachement aux choses leur fait rater la vraie vie.
Pascale Védère d’Auria traque et met en évidence le potentiel de féminité et de transitoire contenu dans des choses apparemment anodines et neutres. Le mélange de végétaux en croissance, de graines ou d’œufs et d’objets de récupération évoque, par exemple, la fécondité féminine et la reproduction de l’être humain. Ailleurs, les fils et les tissages rouges font allusion au flux menstruel… Mais, au-delà d’un premier niveau de lecture de ces bricolages, selon les propres mots de l’artiste, on y lit une évidente quête d’une mémoire personnelle suscitée par l’observation attentive des choses. Pascale Védère d’Auria veut aussi « rejoindre une mémoire collective, mémoire féminine d’abord mais aussi une mémoire commune à l’espèce humaine dans la mesure où chacune de [s]es productions [l]’amène in fine à [s]’interroger sur l’impermanence des choses, concevoir la fragilité comme la composante essentielle de l’existence et représenter l’inéluctable dualité des contraires, la vie et la mort. » La violence et le désir ne sont pas absents de son propos tout comme une forme de désarroi devant le flottement et l’incertitude de ces objets en recherche d’une forme de rédemption improbable. Vertige, peur du néant, flottement incertain, vide ou trop-plein, résignation ou jubilation… Miroir de la condition humaine…