LE VIVANT DE QUESTIONS EN QUESTIONS - SOLOE SHOW D'ERNEST BRELEUR

LE VIVANT DE QUESTIONS EN QUESTIONS – SOLOE SHOW D’ERNEST BRELEUR

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Ernest Breleur est aujourd’hui une figure majeure de l’art contemporain dans la Caraïbe et l’internationale. Ces oeuvres sont présentées de grandes expositions comme récemment Caribean : Crossroad of the word au Queens Museum of Art de New York 2012-2013, ou encore en 2011 avec Escault, Rives dérives, festival international de la sculpture contemporaine.

Fort de toutes les rencontres avec entre autres Edouard Glissant, Patrick Chamoiseau, ou encore Milan Kundera, apres la galerie Les Filles du Calvaire, il expose la Maëlle Galerie une quinzaine d’oeuvres inédites marquant un véritable tournant dans sa pratique artistique.

Le vivant : de questions en questions

Solo show d’Ernest Breleur

Le vivant de questions en questions, tel est le titre de ma prochaine exposition la Maelle Galerie. Je m’aperçois que ce titre est celui qui couvre l’ensemble de mon travail artistique. Les questions que je me pose sont certes philosophiques, mais elles concernent aussi et surtout une certaine approche de la sculpture. Je donne corps mon projet sculptural. Une ambition, donner une forme au vide.

« Le vase est d’argile

Mais c’est le vide qui fait le vase.

Mais le vide qui fait le vase.

Il faut la maison des murs et un toit

Mais c’est l’espace habitable

Qui fait la maison.

Ainsi, la matière est utile

Mais l’essence des choses est immatérielle

Comme l’âme des êtres. *»

Ici la matière et la lumière se liguent pour l’apparition d’un étrange. Mes sculptures donnent voir le moins de matière que possible. Chacun des objets trouve sa consistance physique dans une superposition de lamelles fines construites de matière et de lumière. Cette élaboration je la nomme processus de « laméllisation. Dans cette pratique de « lamellisation » la question du vide est une de mes préoccupations, tant du point de vue sculptural que du point de vue de ma pensée philosophique. Il s’agit de donner corps la métaphore de la genèse du vivant, il n’est point question de mimer ou encore de trouver une explication au surgissement de l’être au monde mais de mettre en évidence une poétique du monde se peuplant. Durant cette période reculée du « peuplement » il y a une absence de la vie sous formes de visible, absence de modèle…

Je me plais imaginer le champ des possibles ouverts par ces velléités et tentatives de vie menées par ces cellules anonymes, dans leur élan se transformer en espèces, en identités différentes. J’imagine aussi la bataille de la transformation pour ces infiniment petits qui doivent prendre forme et sans destin précis, chaque cellule vivante voulant devenir un être au monde en s’inventant.

C’est dans cette « métaphorisation » de la genèse que se trouve le moteur de ma création. Ce qui me passionne dans l’avènement du vivant c’est la frénésie de l’accès la vie, en même temps que la différentiation de chaque candidat la vie. Il me semble qu’une poétique singulière tout comme une poïétique (comme celui de l‘artiste) habite la terre dans ces moments de la genèse du vivant. La Lumière combine avec je ne sais trop quoi dans ces diverses accessions la vie. De l’absence de vie l’apparition d’un infiniment petit, lieu de la multiplication des possibles, toutes les alchimies n’ont pu voir le jour.

De ma pensée purement poétique je trouve passionnant la volonté des premières cellules devenir autre chose que cellule. Je suppute le nombre d’échec, de bifurcations, peut-être même de retour en arrière, ou encore de métissages, ou encore…

Toujours dans ma pensée poétique je crois percevoir durant cette genèse de la vie, un univers certes chaotique le destin des espèces en devenir. j’imagine cette période comme si je pouvais la contracter dans un temps donné ma portée pour mieux la saisir et la prendre comme objet de réflexion.

Ma création, au carrefour de la vie, du végétal, de l’animale se croise, se métisse pour engendrer des êtres au monde. Cette vision poétique de la genèse du vivant m’interpelle, mais elle n’est pas pour moi l’essentiel dans l’acte de création. Je cherche un parallèle entre ce moment vertigineux du vivant qui se crée et ma création artistique.

J’ose penser l’apparition de la vie comme un immense champ de création où chaque atome, chaque embryon de cellule se bat et aspire devenir un vivant. C’est la frénésie de la vie.

La profusion des formes, des étranges, des couleurs de matières, devaient être extraordinaire, en me référant la genèse du vivant je trouve prétexte libérer ma créativité en construisant mon univers étrange sans contrainte de représentation.

*Lao Tseu

Ernest Breleur, le 24 octobre 2012

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