Laurent Noël "Faits et gestes" peintures récentes 2010-2012

Laurent Noël “Faits et gestes” peintures récentes 2010-2012

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“Un jour, les supports du peintre ne seraient donc plus les événements de l’existence, douloureux, violents, amoureux, physiques, sensibles, mais les mouvements propres, sismiques, internes de la peinture elle-même, qui aurait décidé une fois pour toutes de se passer de prétexte et de vivre seule dans une forme d’autarcie, se nourrissant de peu mais ne manquant de rien, utilisant son passé, ses apprentissages puis son expérience, approchant doucement d’un mouvement perpétuel. Respirant seule.” Laurent Noël (Les arrière-pensées, 2007)

“Faits et gestes”, parce que Laurent Noël a toujours mis la question du temps de la peinture au centre de son travail, celle de la dualité de l’intellectuel et du manuel, cherchant ce que chaque toile soit un fait artistique né de ses gestes d’artisan. Ainsi, pendant ces deux dernières années, il a creusé un peu plus encore les recherches de rapports et d’oppositions entre l’encre et la couleur, approfondi le travail sur les fausses monochromies et les textes calligraphiés en s’orientant parfois vers le ductus seul —rythme esthétique de l’écriture.

“Faits et gestes”, parce qu’il s’agit d’évoquer aussi ce que la peinture devient lorsque l’artiste est touché par les épreuves. Cette exposition d’une quarantaine d’œuvres récentes, réalisées après un profond bouleversement personnel, interroge sur la force de la peinture et son pouvoir de résilience. Comment l’art peut-il nous projeter vers l’avant (expression double sens, la fois vers un futur ouvert et vers les marques du passé), comment les gestes artistiques répondent-ils aux faits de l’existence ?

Laurent Noël, s’il accepte (mal) que l’on classe son travail, refuse en tous cas l’épithète de “lettriste”, et préfère celle de “littéraire”. En témoignent les variations calligraphiques de textes personnels utilisés comme éléments plastiques, ou les titres qu’il tient associer l’œuvre, la fois ambigus et poétiques, qui n’imposent aucune lecture au spectateur, le laissant face ses propres questions : “Signe de vie “, “Aide-mémoire”, “Trois saisons“, “Moins le vent”, “Les eaux de roches”…)

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