La vie, La mort? le style

C’est en passant par les boyaux de la terre qui recevaient nos premières œuvres, à coup de mollards sur les mains sales, dans les temples, les tombeaux, les églises, les cabinets de curiosités, les musées, sur les murs des usines et sur les boîtes de chocolats, que nous avons été magiciens, à la cour des rois, dans la cour des fous, suicidés de la société, égoïstes, du côté du manche, avec les mangeurs de patates, dans la pub, chrétiens ou laitières, spéculés, diplômés, du dimanche, triés, individualistes, avant-gardistes, postmodernes, responsables, rentables, urbains, artistes contemporains.

Il aura fallu s’affranchir des croyances du livre et de l’académisme originel des grands maîtres de l’image, avant la télé, et tenter de perdre le moins possible de qualité liée au savoir faire de l’art de la représentation en y ajoutant de nouvelles informations: de la matière, de la couleur, du personnel, de la composition, de l’installation, additionnant à l’occasion un discours, pas seulement pour cacher la faiblesse de l’œuvre ni pour t’enfumer cher patient, mais plutôt, pour ajouter une nouvelle perception, celle de l’artiste, lui-même, avec sa langue bien pendue, frères humains.

Nous avons traversé le clair-obscur, avons été symboliste, impressionnisme, expressionniste, en monochromes, abstraits, athées, naïf, conceptuel, graphiste, pratiquant le zapping, l’entrisme et la pop culture, dans la rue , dans l’atelier ou en résidence …

Depuis toujours, nous accompagnons les époques, donnons des formes et des couleurs à la mémoires des hommes et, bien que l’immense partie d’entre nous n’ait ni reconnaissance, ni argent, ni talent, chaque jour nous cherchons à représenter et interpréter le monde en le passant par nos mains.