Dans une même image, la pauvre maison pleine de gravats face l’ombre des gratte-ciels, ne peut raconter sa véritable histoire : son propriétaire a récupéré des millions de dollars en compensation de sa démolition, ce qui lui a permis de déménager Hong Kong. Dommage pour les travailleurs migrants qui avaient seulement les moyens de louer une pièce dans cette maison. Ils sont aujourd’hui sans logis.

La photographie peut paraître inefficace. Sans doute, au-del de sa force documentaire et visuelle, elle semble ne pas donner de réponses mais elle pose plus de questions. Pourquoi ce garde solitaire, assis devant un mur délabré, s’est-il caché de mon objectif ? Et pourquoi cet enfant a-t-il suspendu sa course pour me fixer durement droit dans les yeux? Quel est le plus fragile des deux ? Pourquoi ces superbes paysages urbains aperçus d’un hôtel cinq étoiles sont-ils aussi poignants que la maison désolée dans ses gravats?

Puis-je saisir l’identité chinoise travers un portrait kaléidoscopique de cette société laquelle j’appartiens? Peut-être que c’est une impossible ambition. Devant les images que j’ai réalisées, je ne veux pas croire que j’ai toujours me débattre entre illusions et fantasmes. Il faut que je poursuive ma démarche, encore plus profondément jusqu’ me perdre complètement.

Par une chaude après-midi d’été, je suis entré dans une maison luxueuse. Une jeune fille d’une beauté éblouissante se tenait près de la fenêtre face l’océan. Elle a tourné la tête et m’a regardé.

Le silence était total. Mais j’ai bien entendu. Don’t Follow Me, I’m Lost. Elle avait ce même regard vide que j’ai croisé un nombre incalculable de fois dans ces quatre années d’errance.

Hai Zhang

Décembre 2012

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