Exposition “Tango”
- Du 16/12/2022 au 16/01/2023
- Localisation : La médiathèque de l’hôpital Pompidou
- Site de l'événement
- Organisateur : Ene Jakobi
“Tango”
Dessins: Ene Jakobi / photos : Flavia Raddavero
Du 16.12.2022 au 16.01.2023 à la médiathèque de l’hôpital Pompidou
20, rue Leblanc PARIS 75015
Vernissage le 19 décembre à CEASC au 23 rue de la Sourdière 75001 PARIS , en présence de l’artiste Ene Jakobi , danseuses Laure Thirion et Sandrine Navarro, Amandine Rezki Chargée des Affaires culturelles AP-HP.Centre – Université Paris Cité
Médiation culturelle le 19 décembre 2022 https://twitter.com/HopitalPompidou/status/1604863728654192642?s=20&t=Es6v3jp-mPYlmdx1b3WPKA
et le 11 janvier 2023 de 11h à 12h30 dans le hall de l’hôpital Pompidou organisée par Tangosable, DJ Guy Delgado
https://tango-argentin.fr/paris/tangosable-a-hopital-pompidou.html?d=2023-01-11
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Flavia Raddavero (photos) est une artiste-auteur photographe née à Buenos Aires. Ses études de photographie à San Francisco au début des années 80 lui ont permis d’acquérir une technique que le numérique d’aujourd’hui ne permet pas de maîtriser. La série « Tango » a ainsi été réalisée en argentique dans les rues de Buenos Aires en 2007. Après près de 17 ans d’exil, Flavia retournait voir sa ville natale pour la première fois; la série témoigne ainsi d’une grande nostalgie mélangée avec l’inquiétude et la beauté, qui capte l’art du mouvement, la danse, en une image fixe.
La série a déjà été exposée de nombreuses fois à Paris, Cannes, Oslo et Tallinn.
Tirage très limité, œuvres uniques. Book (flaviaraddavero.fr)
Ene Jakobi (dessins) est une dessinatrice d’art qui, depuis dix ans, réalise également des reportages dessinés sur les procès en justice. Cette série « Tango » a été effectuée comme reportage d’une époque, aujourd’hui presque oubliée. En 2020 , pendant les 2ème et 3ème confinements les professionnels de la danse ont eu le droit de répéter malgré la fermeture des écoles et des salles de danse. Ene dessine alors les danseuses Laure Thirion et Sandrine Navarro durant une répétition en utilisant l’encre de Chine et la gouache, des médiums atypiques pour un reportage atypique. Pour cette série, elle sélectionne finalement une seule image pour la décliner en neuf versions.
Comme l’hôpital, l’art résiste face à la mort. C’est une résistance par le savoir-faire, par la danse et le dessin.
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ITW Ene Jakobi , exposition « Tango » à la médiathèque de l’hôpital Pompidou
du 16 décembre 2022 au 16 janvier 2023
ITW :Comment est née l’idée de cette série dédiée au Tango argentin ?
Ene : Je pratique le tango argentin depuis 2007. Le dessin est l’art de l’observation, il est donc normal que de temps en temps je dessine aussi mon entourage. La série exposée est née pendant le confinement. Les professionnels de la danse pouvaient continuer les répétitions même si les salles de danse et les écoles de danse restaient fermées pendant longtemps. C’est une sorte de reportage qui témoigne d’une époque presque oubliée. On oublie vite. Nos promesses aussi on les oublie… Comme donner plus de moyens financiers à la recherche, aux hôpitaux et à la culture. Cette série de danseuses masquées reste sur le papier pour nous rappeler aussi nos promesses qui attendent d’être honorées …
ITW : Qu’appréciez-vous particulièrement dans cette danse ?
Ene : L’écoute. Il faut être à l’écoute de l’autre à chaque instant. Dans notre monde, on ne voit que des couples qui se disputent et qui s’insultent. Dans le tango argentin, il faut respecter l’autre, protéger l’autre, ne pas être en conflit. Quand j’ai commencé le tango, j’ai pensé que le tango était une allégorie du jeu d’échecs ; par l’improvisation, la beauté du jeu. Mais les échecs sont la stratégie, l’allégorie de la guerre. Le tango représente finalement plus l’art de la paix, c’est une allégorie de la diplomatie.
J’aime apprendre et on ne finit jamais d’apprendre dans le tango argentin. Et on oublie qu’on a finalement énormément de chance que le tango argentin ne soit pas professionnalisé en Europe. J’ai pris des cours de milonga dans la cuisine de Sandrine Navarro avec Flaco Dany… On ne peut pas prendre les cours avec Titi Helimets dans la cuisine de Dorothée Gilbert… Les élèves en tango argentin n’ont souvent pas la conscience de la chance qu’ils ont de pouvoir prendre des cours avec des professionnels de très haut niveau. C’est dommage.
Et bien sûr, dans le tango il y a beaucoup de mélancolie, beaucoup de solitude. Danser le tango est une façon d’être étranger partout. Quand dans le monde du tango quelqu’un me demande d’où je viens, j’ai l’habitude de répondre que je suis étrangère partout. Il y a des gens qui trouvent cela triste sans voir que la plupart de personnes sont des étrangers partout eux-mêmes … Comme étrangers dans leur propre famille ou dans leur couple.
ITW : Que souhaitez-vous exprimer dans ce corps à corps féminin ?
Ene : Là encore c’est le dessin qui observe notre époque. Depuis quelques années, il y a de plus en plus de femmes qui guident le tango argentin. Je guide moi-même, alors je voulais mémoriser ce moment. Guider c’est une autre langue… Puis, au tout début, le tango argentin se dansait entre hommes. Il y a aussi une ancienne génération qui désapprouve les femmes qui guident et c’est une génération qui sexualise le tango argentin, qui le considère uniquement comme une danse entre un homme et une femme. La nouvelle génération ne sexualise pas cette danse et je guide aussi les hommes… Il est de toute façon préférable d’apprendre les deux rôles dans le tango argentin, au moins pour bien comprendre les difficultés de l’autre.
ITW : Pourquoi avoir choisi de sélectionner une seule image déclinée en neuf versions ? Quelle est l’intention plastique que vous avez souhaité appuyer avec le procédé technique choisi ?
Ene : J’ai pensé que si je devais choisir une image subliminale, c’est celle-là que je prendrais. Je ne sais pas si l’inconscient cognitif aura l’envie de bouger ou d’apprendre à danser. L’image subliminale était utilisée dans les années 50 pour la publicité uniquement, et donc pas pour la bonne cause. J’ai choisi de répéter neuf images en versions différentes par mon amour pour les estampes mais aussi pour ne pas oublier la répétition. Dans le tango, il ne faut pas oublier de travailler sa technique, de répéter les petites choses pour améliorer son équilibre, la marche et l’écoute. Cette répétition est une image subliminale pour rappeler l’importance de la répétition, l’importance du travail sur soi-même. La même chose peut s’interpréter de façons différentes, se renouveler chaque fois, se rechercher chaque fois. Il y a donc un lien direct avec la danse où sans travail on n’aura pas de résultat.
ITW : Comment qualifieriez-vous le dialogue créé entre vos dessins et les photographies de Flavia Raddavero ?
Ene : Le monde du tango est finalement tout petit. Il y a déjà le dialogue créé entre les danseurs présents sur les photos et les dessins et cela d’une façon très directe: Sandrine Navarro sur mes dessins a tout de suite reconnu El Indio et Mariana Dragone sur les photos de Flavia Raddavero. La série de Flavia a été réalisée comme un reportage sur la danse de rue. Ma série de dessins est également un reportage sur notre vie de confinement. Les personnes qui vivaient mal le confinement étaient souvent celles qui ne savaient rien faire sans ordinateur.
La même série de Flavia a été exposée dans le quartier du Palais Royal après les attentats de Paris en 2017. On se disait à l’époque que si les gens dansaient plus il n’y aurait pas de terroristes. Et nous voilà six ans plus tard avec la guerre en Europe. Donc on se dit à quoi bon avoir un dialogue entre nos dessins et photos si personne n’écoute ? Car beaucoup de malheurs naissent dans le monde quand on n’écoute pas assez les philosophes, les écrivains, les poètes et les artistes.
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Remerciements: Pr Elie Mousseaux, Mme Sandrine Navarro, M Philippe Maître, Mme Mylène Ueda, M Tonino Verrecchia et association Coeur Couleur, Mme Morgane Le Visage, CEASC , Mme Eike Eller -attachée culturelle de l’Ambassade d’Estonie, agenda du tango argentin .FR