Exposition Sylvie Thybert

Sylvie Thybert a suivi le parcours classique des peintres de sa génération, qui a eu vingt ans dans les années 70. Après ses études aux Beaux-Arts de Paris, dans l’atelier de Yankel, elle a enseigné les Arts plastiques. En une dizaine d’années, elle a créé une oeuvre originale que ses pairs du Salon “Figuration critique” ont reconnue. Elle brosse surtout des portraits, en s’appuyant sur une matière très diluée. (…) L’habileté et le travail du geste dénotent chez Sylvie Thybert une belle connaissance du métier. Elle présente une oeuvre volontaire, la rigueur cruelle, qui représente des personnages certes imaginaires mais plus vrais que nature. (…) Voil la cruauté première de Sylvie Thybert : nous dépouiller de nos illusions, nous rappeler brutalement, au travers de ses portraits et de l’émotion des situations qu’elle offre, notre solitude d’êtres pensants, nos échecs et nos regrets, avec rigueur clinique et cruauté certaine, même si elle s’en défend. Sylvie Thybert n’est pas un peintre charitable. Il y a du Ensor ou du Daumier dans sa palette, et le constat froid de la désespérance de notre siècle expirant. (…) Derrière la tension qui anime chaque toile, derrière ce temps un instant suspendu de gens qui n’attendent rien, il y a l’homme dans sa permanence immobile et effrayante. Cette oeuvre est belle. A force de travail et de patience, et parce qu’elle a laissé aux choses le temps de mûrir, Sylvie Thybert se hisse tranquillement au niveau des meilleurs.

Alain COUDERT, Arts Actualités Magazine,