Exposition photos : L’Oeil Musical par Philippe Gras
- Du 31/05/2012 au 12/09/2012
- Localisation : Galerie Le Pictorium
L’Oeil Musical par Philippe GRAS Photographies et Digigraphies Collections
Du 31 mai au 12 septembre 2012 . Vernissage le 31 mai 2012 de 18h 22h Les années free et autres photographies… Ray Charles, Thelonious Monk, Charles Mingus… d’abord le jazz dont Philippe Gras nous laisse de saisissants clichés de musiciens en action. Surtout le jazz dans sa version du grand maelström free des années 60 et 70 avec Don Cherry, Archie Shepp, Albert Ayler et tous les autres. En noir et blanc, avec du grain et dans un style dépouillé, la force de l’art photographique de Philippe Gras est d’arriver suggérer le son de la musique par un jeu subtil avec la lumière, qu’il s’agisse de la lumière ambiante ou celle d’un spot pris contrejour. Son art a fait aussi merveille avec le rock progressif, la musique américaine minimaliste et les nouveaux spectacles de théâtre et de danse. Il a collaboré avec le Festival d’Automne, Jazz Hot, Jazz Magazine, Actuel, l’Art Vivant. « He was so special ! », écrira Robert Wilson lorsqu’il apprendra sa disparition. Daniel Caux L’exposition L’œil musical de Philippe Gras, présentée en partie la Cité de la Musique, Paris, du 3 au 14 septembre 2008, a été réalisée l’initiative et avec le concours des amis de l’artiste, désireux de rendre hommage un photographe farouchement indépendant, peu soucieux de sa promotion, et qui tenta tout au long de son activité professionnelle, de ne se consacrer qu’aux sujets qu’il aimait. Son œuvre témoigne en premier lieu des avancées du jazz, de la musique contemporaine, du théâtre et de la chorégraphie depuis les années 1960, ses archives, prématurément interrompues en 2007 constituent un exceptionnel témoignage sur la création authentique de toute cette période. Dès les années 1960, il est de ceux qui, en accompagnant l’évolution même des styles musicaux et des avant-gardes artistiques, ont changé le regard photographique sur la musique et dépassé les formes classiques du reportage sur les concerts et les spectacles. Comme Horace et Christian Rose, avec qui il a toujours entretenu des rapports d’amitié, il privilégie, sans effets ni artifices techniques, le mouvement spontané de la musique, le moment où s’exprime la nature profonde de l’artiste. télécharger le dossier de presse . Biographie de Philippe Gras: Né dans le 15ème arrondissement de Paris qui était encore un quartier populaire – son père était employé – il passe son enfance avenue Félix Faure, puis, après des études secondaires, il suit les cours de l’Ecole Estienne (Ecole Supérieure des Arts Graphiques) et une formation de photographe. Il part pour l’armée en janvier 1962. Pendant ses classes au camp de Frileuse, dans les Yvelines, il se lie d’amitié avec François Nicoullaud, futur ambassadeur de France en Hongrie et en Iran, dont il restera toujours très proche. Il est envoyé dans l’Algérois, puis Alger même, où il est blessé par balle pendant les troubles de la fin de la guerre, et enfin, au Sahara. Devenu photographe professionnel dans le studio de Georges Véron, spécialisé dans la mode, il fait parallèlement des reportages sur les concerts et les spectacles, activité dans laquelle il finit par se spécialiser. Il se consacre tout d’abord aux concerts et manifestations de jazz, une musique laquelle il avait adhéré très jeune sous l’influence de son frère aîné. Il s’enthousiasme pour le free jazz, les nouvelles musiques et les avant-gardes artistiques. Dans le monde du spectacle, il est, avec Horace, Christian Rose, Guy Le Querrec, Thierry Trombert, notamment, de ces jeunes photographes qui choisissent de proposer leur propre vision plutôt que de travailler la commande – comme l’a rappelé Francis Marmande dans Le Monde du 2 mars 2007. Il n’a pas choisi la voie la plus facile, mais motivé avant tout par les sujets qu’il aimait, il tente avec ses amis de mettre en place une coopération informelle face un marché étroit où la concurrence est rude. En 1968-69 il participe la revue d’avant-garde Actuel fondée par Claude Delcloo. Cette revue traite de toute l’avant-garde artistique de l’époque (il collaborera aussi la deuxième formule de la revue, beaucoup plus connue après sa reprise par Jean-François Bizot en 1970). A la même époque il travaille avec l’équipe du mensuel Jazz Hot alors dirigé par Michel Le Bris. Quelques jeunes directeurs artistiques et producteurs, comme Philippe Constantin et Patrice Blanc-Francard, l’introduisent dans l’édition discographique et ses photos illustrent des albums de jazz, free jazz, blues et rock. En juillet 1969, il est de retour Alger, l’occasion du Festival Panafricain, un événement musical et politique exceptionnel marqué par des rencontres entre Africains et Afro-américains – ces derniers représentés par l’organisation américaine des Black Panthers, ainsi que par les musiciens free réunis autour d’Archie Shepp. A ses côtés, entre autres : Philippe Constantin, Horace, Le Querrec, Patrice Blanc-Francard, Daniel Sauvaget… Daniel Caux, qui l’avait connu au sein de Jazz Hot, le présente la revue L’Art Vivant (éditée par la Galerie Maeght) dirigée par Jean Clair qui publie son reportage sur le Festival d’Amougies. C’est l’époque où il couvre non seulement les festivals de jazz mais aussi tous les lieux où sont programmées les musiques nouvelles, du rock la musique contemporaine, du free jazz aux musiques dites ethniques. Une partie de ses photos les plus fascinantes provient de festivals tels qu’Amougies, Wight, Royan, La Rochelle, Alger, Berlin, Paris (en particulier le Festival d’Automne), Saint-Paul de Vence (Nuits de la Fondation Maeght), Chateauvallon, entre autres. Il en a tiré non seulement des illustrations et des maquettes pour pochettes de disques et livrets de CD, mais aussi des contributions plusieurs ouvrages de librairie. Collaborateur du Festival des arts contemporains de La Rochelle, puis du Festival d’Automne, il rencontre en 1976 le dramaturge Robert Wilson dont il photographie toutes les étapes du travail sur Einstein on the Beach, et avec qui le lien ne sera jamais rompu. Il fait des reportages sur les musiciens programmés par le Festival, notamment au Bhoutan en 1989, en Hongrie en 1990. Cette collaboration, lui permet de constituer des archives représentatives de la création musicale des années 1970 et 1980, dont on trouve le témoignage dans des ouvrages de référence. Son œuvre ne se limite pas la musique. Dès 1967, il réalise avec Horace une série de recherches visuelles : une évocation en forme de photo-roman des représentations d’Antigone par le Living Theater de Julian Beck, un récit photographique intitulé Le Fantôme du Métropolitain, un montage au banc-titre de photos de graffiti du métro, Transports en commun, et quelques autres essais et maquettes… En 1978, il conçoit avec Jean-Jacques Schackmundes, producteur de films et traducteur, un roman-photo d’après le livre de John Le Carré Les Gens de Smiley. Le projet ne pourra aller son terme faute d’accord avec l’agent littéraire. Le cinéma est un des ses domaines de prédilection, comme toutes les formes de culture populaire. Quelques films et de nombreuses publications en témoigneront, ainsi que d’importantes archives sur la salle de cinéma. À la fin des années 1960, il participe des productions cinématographiques relevant du cinéma-bis, mais aussi sur des films expérimentaux. Il participe au film consacré au musicien Don Cherry, tourné avec Jean-Noël Delamarre, Horace et Natalie Perrey. On trouve son nom au générique de plusieurs films, comme photographe de plateau, assistant-réalisateur, co-auteur, et au sommaire de nombreuses revues, de plusieurs livres et plaquettes de référence, sur les salles de cinéma, sur les affiches de toile peinte la main, sur des personnalités du Septième art et de la littérature. Il sera en particulier photographe de plateau avec Alain Corneau (La Menace, 1977), avec Jean-Noël Delamarre (Saloperie de rock and roll, 1979), Lam Lê (Rencontre des nuages et du dragon, 1980, et Poussières d’empire, 1983, au Viêt-Nam, où il est acteur dans une séquence tournée dans les rizières). Il participe des films documentaires, par exemple au Cambodge avec Pierre Philippe, ou sur le sculpteur Raymond Delamarre (L’Espace apprivoisé, film pour lequel il a su capter par une série de photos saisissantes le travail de la main de l’artiste). En dehors des thèmes musicaux ou cinématographiques, il a réalisé des ensembles photographiques sur des sujets très divers, parmi lesquels les quartiers populaires de l’East End de Londres dans les années 1970, les cimetières, le métro parisien, Mai 68 Paris, les salles de cinéma, la frontière entre les deux Corées, les villes impériales du Viêt-Nam…. Il voyage dans plusieurs pays d’Europe, aux Etats-Unis et en Asie, en Inde, en Iran, Corée du Sud, Cambodge. Du Cambodge il a rapporté la matière d’un livre Angkor silencieux, (textes de Nouth Narang, préface de Michel Butor, aux Editions Sous Le Vent, 1988). Dès 1982, il se passionne pour le Viêt-Nam, où il se rend plusieurs reprises, animé la fois par un intérêt intellectuel et un attachement sentimental – il y a rencontré Ngoc Suong, qu’il épouse Ho Chi Minh Ville en 1985. Au cours des années 1970, plusieurs revues, dont l’Art vivant, publient ses explorations sur les imageries, accompagnées de textes de Daniel Sauvaget : jeux de flippers (billards électriques Gotlib), tatouages, timbres-poste, affiches de cinéma. Il avait eu l’idée de photographier les grandes affiches de toile peintes la main qui ornaient alors les frontons des salles de cinéma, des pièces uniques réalisées par l’Atelier Publi-Décor, Montreuil, accompagnant notamment la programmation des genres populaires. Archives aujourd’hui précieuses, composées de plusieurs centaines de clichés. C’est la matière du film préparé avec Jean-Noël Delamarre et réalisé par ce dernier entièrement au banc-titre, Liberta, agent spatial Anti-Mythe, programmé la télévision par Michel Lancelot. Une sélection de ces images recadrées avec une grande originalité est l’objet du livre Cinéma de la rue publié aux Editions du Chêne en 1977. En 1982, François Nicoullaud lui confie la réalisation de l’agenda du Ministère des Affaires étrangères sur le thème de l’histoire du cinéma français. Peu après, un organisme créé par le Ministère de la Culture, l’Agence pour le développement régional du cinéma l’engage pour faire une série de reportages sur les salles de cinéma. C’est le thème d’une exposition présentée au Festival de Cannes en 1987 et reprise sous la forme d’une plaquette diffusée dans les milieux culturels. Il conçoit et réalise ensuite pour cette même agence un ouvrage consacré aux salles d’art et d’essai parisiennes Paris Art et Essai (CNC-ADRC, 1995). Tous ces reportages réalisés entre 1986 et 2007 sur l’ensemble de la France, visant décrire la vie des cinémas, leur architecture, leur insertion dans l’espace, leur fonctionnement, leur évolution, constituent des documents irremplaçables mis la disposition de la presse et des publications spécialisées. C’est la veille du départ pour un de ces reportages qu’il décède brusquement d’un accident vasculaire cérébral, son domicile Paris, dans la soirée du 22 février 2007. Sa dépouille est incinérée au Père-Lachaise au cours d’une cérémonie civile, et ses cendres sont dispersées dans la mer au large de Bandol. Plusieurs hommages lui sont rendus dans la presse, notamment celui de Francis Marmande dès le 24 février dans le Monde, qui retrace sa carrière dans une importante notice parue le 2 mars. France Culture lui consacre en avril 2008 une émission dirigée par Bernard Treton dans la série Surpris par la nuit. Et l’initiative de Daniel Caux, une exposition de ses photos sur les musiques contemporaines a été organisée la Cité de la Musique en septembre 2008, et a tourné ensuite en France et travers le monde. Une exposition de ses photographies de l’opéra de Philip Glass, mis en scène par robert Wilson “Einstein on the Beach” a été récemment présentée Orléans et Montpellier. Une autre exposition, BUDAPEST 90, composée de photographies de la ville de Budapest en 1990, a été organisée au printemps 2012 l’Institut hongrois de Paris avant d’être présentée l’été l’Institut français de Budapest.