Exposition IMAGO

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« L’INTENSITÉ EST SILENCIEUSE. SON IMAGE NE L’EST PAS. (J’AIME QUI M’ÉBLOUIT PUIS ACCENTUE L’OBSCUR À L’INTÉRIEUR DE MOI.) » René Char

Guetter le lever du jour ou bien patienter jusqu’aux derniers rayons du soleil, être attentif aux signes, au temps et finalement, saisir le bon moment pour accéder à l’atelier de Yann Lacroix. Une fois le chemin trouvé, y pénétrer comme on traverse l’une de ses peintures, en silence et sur la pointe des pieds…
Pendant plus de quatre mois, l’artiste a posé ses palettes et ses pinceaux au cœur de l’Abbaye royale de Fontevraud pour prendre possession de ce nouvel espace de vie et de travail. Dans ce vaste atelier, les tubes de peintures se sont assemblés, les pigments colorés ont été déposés sur les toiles encore vierges avant d’être rigoureusement effacés et la lumière du Val de Loire s’est mise à transpercer les murs et les tableaux.
Imprégné physiquement de Fontevraud, l’artiste n’a eu de cesse d’opérer un travail de remémoration et de dialogue avec l’autre territoire qui l’attendait : Lyon, ses traboules et ses riches collections antiques. Nul ne sera étonné que l’une de ses plus grandes toiles, réalisée dans le cadre de cette résidence croisée, prenne le nom de Lugdunum.
Les nouvelles productions de l’artiste sont marquées de l’influence qu’a eue l’histoire des lieux et plus largement du passé historique et symbolique encore omniprésent. Des peintures de petits ou grands formats se révèlent dans des représentations d’architectures ouvertes comme des passages insaisissables : énigmatiques, elles semblent lointaines et pourtant profondément enracinées en nous.
Chez Yann Lacroix, la peinture est une matière sensible, vibrante et éblouissante. Circulent ici et là des touches de couleurs bleu pur qui semblent venir prolonger un ciel de Fra Angelico, des gris sourds paraissant exhumer des pierres ancestrales prélevées sur un ancien monastère arménien, ou encore des verts plus acides qui laissent deviner une végétation abondante. Les nouvelles toiles de l’artiste ouvrent alors sur des espaces profondément spirituels et empreints d’une forte ancestralité. De volutes en volutes, le passé et le présent s’y croisent pour s’embrasser dans une seule et même perspective : revenir aux origines du monde ou ne serait-ce pas, finalement, le désir de tendre vers l’infini ?

Fanny Robin, directrice artistique de la Fondation Bullukian et Emmanuel Morin, directeur artistique et culturel de l’Abbaye royale de Fontevraud

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