” Est-ce ainsi que les hommes vivent ? “
- Du 31/03/2010 au 30/04/2010
- Localisation : Galerie Talmart
La galerie Talmartet Pottier + Mekouar galeriePrésententCarte blanche Michel Salsmann
” Est-ce ainsi que les hommes vivent ?”
exposition du 1er au 30 avril 2010 vernissage le mercredi 31 mars partir de 18h30
Est-ce ainsi que les hommes vivent ?
Carte blanche Michel Salsmann
Accompagner une carte blanche induit une relation de confiance. C’est déj un engagement entre personnes responsables de leurs choix et conséquences. « Monter » une exposition n’est jamais simple, quels que soient l’ambition et les présupposés des parties. Ces mots ne qualifient pas notre aventure, ils sont des « commodités approximatives », une approche des possibles et « les mots peuvent être des fenêtres ou des murs ». Revenons aux faits. Quel sens donner cette mobilisation ?
Ces artistes ont en commun une relation au figuré si ce n’est la mobilité des figures (imposées ou non) dans une cohabitation parfois difficile et un affrontement de circonstance.« Tout est affaire de décor, changer de lit changer de corps… »Nos chemins se sont souvent croisés, il n’y a pas de confusion (dans mon esprit) et le contrat était clair avec ces anciens étudiants, ils étaient venus pour acquérir un savoir faire, une maîtrise des techniques. Cela devenait plus complexe, quand la sollicitation (implacable suite) était adressée au professeur chef d’atelier (l’artiste). Trois temps (longs temps) s’imbriquaient et interagissaient :1- Quand un étudiant, campé dans son « faire » technicien et ses expérimentations multiples, répondait ma question « Pourquoi ? » un tel activisme productif, par un « Pour voir », je me disais que c’était un bon début. Nous poursuivions et tentions d’aller au-del d’une légitime curiosité.2- Je demandais alors : « Qu’avez-vous vu ? ». Le trouble accompagnait alors notre relation au faire et ne pouvait se contenter d’un « fatras » mutique. Il fallait travailler sur soi-même et ne pas se satisfaire d’une ordinaire relation la matière.3- Ce troisième temps (plus exigeant et douloureux) s’articulait autour de la question : « Que donnez-vous voir ? ». En d’autres termes : « qu’est-ce qui fait courir David ? », le projet artistique était en jeu et il y a des comptes rendre quand on se mêle de « donner voir quelque chose qui nous regarde » alors que le monde ne nous a rien demandé.
Le nœud du problème est énoncé. Nous ne sommes plus dans la question du « faire apparaître », mais dans celle de la réception. Il y a un déplacement dans les enjeux, « exposer, c’est s’exposer… » la rencontre, la confrontation, au désaccord et parfois au malentendu. C’est se retrouver sur un autre front, sous un autre regard. Surtout ne pas céder la cruelle tentation de citer Wittgenstein (Ce qui peut être montré ne peut-être dit) : « Ce dont on ne peut parler, il faut le taire » et clore par un prompt refuge l’atelier. Il n’y a pas de case d’épargne, pas de petite exposition, les pièces seront vues et feront leur chemin. Elles ne nous appartiennent déj plus. Elles vivront en dehors de nous dans d’autres constructions, pour d’autres imaginaires. Nous en avons perdu le contrôle et ne pouvons plus les ancrer dans nos horizons herméneutiques. Le monde est alors celui qui le regarde. Pas de vanités superflues, pas de susceptibilités ménager, l’échange a lieu. « Demain sera un autre jour » et tout se rejouera nouveau avec pour consolation provisoire : « la pièce était-elle ou non drôle, moi si j’y tenais mal mon rôle c’était de n’y comprendre rien ».
Je suis heureux quand l’issue du diplôme, je peux serrer la main du lauréat et lui dire : « bonjour collègue ». Je ne manque pas d’ajouter : « Vous étiez un parmi six cents, maintenant vous êtes au milieu de six millions, bienvenu dans le monde réel ». La Galerie n’est pas l’atelier ni l’espace de l’institution. D’autres règles existent. Maintenant nous le savons par expérience et c’est tant mieux.
Le travail continue, remercions Marc et Alexandre d’avoir permis cette ouverture.
M.S.Mars 2010