Entre les lignes | Denis Castaing

Entre les lignes

Les recherches formelles de Denis Castaing débutent toujours par le dessin. Il se laisse guider par le trait, nourri par un substrat d’images, d’impressions, de sensations. Le lien entre travail de la matière et dessin est incessant, le céramiste opérant un va-et-vient continuel entre les deux médiums. Par le dessin, il interroge la forme inlassablement.
Au fil de nombreux croquis, des formes, des proportions, un rapport à l’espace émergent. Intuitions que le passage à la réalisation permet de vérifier. Le croquis initial définit les lignes de force de la pièce qui se construit et se déploie au cours du façonnage.
D’un projet à l’autre des glissements s’opèrent par le dessin, établissant une filiation entre eux.

Architecture(s)
La référence à l’architecture, ou plutôt aux architectures, est constante dans les créations de Denis Castaing. Elle s’exprime moins en lien avec des espaces ou des lieux définis qu’en termes de rapport à l’espace, au vide, à la structure, à la lumière, au mouvement.
Architecture(s) omniprésente(s) dans l’œil du céramiste, observateur curieux de tout ce qui l’entoure. Architecture(s) captée(s) à travers l’observation des fragments d’un bâtiment, du corps d’un danseur en mouvement, la contemplation des lignes d’un paysage …
Le créateur place aussi sa démarche dans la lignée de la céramique architecturale. Ses tondi d’une seule pièce ou éclatés en éléments multiples investissent l’espace architectural tout comme ses modules muraux dispersés. Les uns et les autres semblent faire corps avec lui, en être des excroissances ou encore en révéler la richesse.

Céramique et design
Sans être designer, Denis Castaing a une affinité marquée avec le design. C’est le design qui l’a conduit à s’intéresser à la céramique à travers, entre autres nombreuses références, les créations
d’Ettore Sottsass ou le projet « Des designers à Vallauris » au début des années 2000.
Depuis peu, ses recherches le ramènent à des objets et du mobilier en céramique ou associant ce matériau à d’autres : claustra, miroirs, luminaires (appliques, lampes à poser …), vases. Une occasion d’insérer ses créations dans des projets, de les confronter à l’architecture intérieure de lieux.
Des pièces inscrites dans le champ des arts décoratifs qui conservent une forte dimension sculpturale. Une façon pour le céramiste d’échapper aux classifications.

La technique comme jeu de construction
Au fil du temps, le façonnage de la terre à la plaque s’est révélé répondre aux multiples projets du céramiste.
Manière de créer des œuvres fortement structurées, d’exprimer son obsession pour la ligne, le pli, le volume, d’imprimer une tension.
Le processus s’apparente à un véritable jeu de construction dont chaque étape doit être anticipée.
Denis Castaing lui adjoint aujourd’hui la technique du coulage dans des moules en plâtre. Démarche qui lui offre la possibilité de jouer avec des éléments multiples, d’introduire dans ses créations le rythme de modules sériels.

Vibration
En contrepoint aux lignes très dessinées des pièces, couleur et lumière leur confèrent une vibration.
L’application d’engobes de porcelaine au pinceau ou au pistolet génère des surfaces à la texture
veloutée, poudrée. Sur les tondi, elles semblent comme une peau animée d’un frisson.
A d’autres moments, émail satiné et engobe viennent contraster.
Chaque texture est au service d’une forme et agit à la façon d’un révélateur.
Lumière et ombre son corollaire agissent comme des matériaux à part entière. Elles dialoguent avec les formes, révèlent leur relief. Au travers de leurs découpes, elles interrogent l’espace intérieur des pièces, cet espace où le vide agit.