En mai, fais ce qu'il te plaît...

En mai, fais ce qu’il te plaît…

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En mai, fais ce qu’il te plaît est une invitation inédite lancée par Synesthésie six artistes, John Cornu, Andrée Philippot-Mathieu, Bertrand Planes, Sébastien Rémy, Sylvain Sorgato, Thomas Tronel-Gauthier, provenant de différents horizons et explorant de multiples formes et supports, de la vidéo la photographie numérique en passant par la sculpture, le dessin… Ce rendez-vous athématique est l’occasion d’occuper physiquement et expérimentalement de nouveaux territoires, une manière d’aménager des « polders » autour de notre espace d’exposition mais aussi de s’ouvrir notre quartier travers un nouveau « plan » d’occupation des sols, des volumes, pour une programmation collective surprenante. Notre espace d’exposition est « petit », notre cour est « enclavée », notre portail sur la rue représente « un obstacle ». De ces contraintes et limites sont nés des désirs de nomadisme et de développement d’activités hors-les-murs en parallèle de la programmation du 15 rue Denfert-Rochereau. Par l’aventure de l’art dans l’espace public Synesthésie va plus directement la rencontre des publics, et expérimente le in-situ. Ces modalités permettent d’explorer au plus juste les questions qui occupent l’association depuis sa création il y a tout juste quinze ans : le réseau, les usages des espaces publics et des équipements, les mutations urbaines, l’infiltration du numérique dans toutes les strates de notre société. En mai, fais ce qu’il te plaît…, adage fort répandu dans le langage commun, a permis d’énoncer un dialogue avec ces six artistes, en questionnant la problématique du désir, de l’ancrage spatial et de la cohabitation des propositions artistiques.

Dans notre nouvel espace d’exposition, Andrée Philippot-Mathieu, avec Cityscapes, série photographique retravaillée numériquement souligne la diversité historique, géographique, architecturale, des paysages urbains. Elle propose une sélection d’images de villes aux quatre coins du monde dont certaines Saint-Denis, ici présentées sur écran et accompagnées d’une création sonore de Françoise Toullec et Mimi Lorenzini. Dans un caisson lumineux, elle opère une mise en abîme de l’espace extérieur, qu’elle recadre et re-présente pour en donner une nouvelle perception. Sébastien Rémy présente Monique Simonet, Spiricom, œuvre inspirée de la collecte d’images de neige télévisuelle de la médium Monique Simonet et d’une filature sur le web des réseaux addictifs aux recherches de cette dernière et au « Spiricom » (brevet déposé aux États-Unis pour enregistrer les EVP-Electronic Voice Phenomenon). De cette quête, il ramène des images qui, encodées via un logiciel open source, sont transcrites en matière sonore et représentées visuellement par un stéréogramme. Puis ces images énigmatiques sont imprimées en héliogravure, et présentés sur une console. Un nouveau logiciel créé par l’artiste, Binary’s Box*, rejoint la collection du Centre d’art virtuel de Synesthésie, avec une fonctionnalité permettant « de visualiser les sons environnants » puis de capturer des images d’esprits influencées par les neiges télévisuelles collectées par la célèbre médium et dont le fonctionnement se rapproche du Spiricom. Ainsi Sébastien Rémy nous entraîne dans des interstices qui nous permettent de nous représenter des sphères insaisissables. Sylvain Sorgato dessine les yeux fermés dans des carnets ou la tablette graphique, puis sous-titre les dessins obtenus en « anglais de singe ». C’est avec ce protocole, assez strict, qu’il dessine depuis le début des années 90. Pour Synesthésie, il a réalisé Sans titre (/exploring the haze/), œuvre constituée d’une soixantaine de dessins qui jouent de la façade comme d’une membrane entre l’intérieur et l’extérieur. Intégrés dans un ensemble cohérent, les dessins de Sylvain Sorgato sont autant de détails d’un paysage. L’installation induit une dynamique du regard allant du général au particulier et qui rappelle l’importance que l’artiste accorde l’art de l’exposition. Ce cheminement vers l’extérieur se poursuivra avec Tutti frutti de Thomas Tronel-Gauthier, premier artiste intervenir sur le jardin de Synesthésie, espace charmant par son caractère sauvage et sa quiétude. Une saignée atypique apparaîtra sur un des arbres, telle une blessure douce et poétique d’où s’écoulera une sève rouge base de bonbons gélifiés retravaillés et transformés. Autour de cet arbre en majesté, des arbustes fruitiers aux baies « consommables » viendront jouer de l’illusion. John Cornu a choisi deux surfaces en briques dans notre environnement pour réaliser de nouvelles pièces de « Wash art ». Depuis 2007, il blanchit certains éléments d’architecture, en rendant visible un détail devenu illisible par l’unité architecturale et les traces du temps. Avec I walk the line, posée au sol, John Cornu répond la maxime En mai, fais ce qu’il te plait… par un tracé de lumière, matière première de son travail. Bertrand Planes présente dans l’une des vitrines de nos espaces la vidéo Are you sure you want to quit?, qui opère un retournement inattendu de l’objectif initial du gamer. Il parvient attendre le hors-champ de la plateforme, habituellement inatteignable et inexistant. En parallèle, l’artiste réactivera l’installation balais-ballon, dans la salle d’exposition mais également, de manière ponctuelle, sur les berges du canal Saint-Denis, voisines notre structure. Cette installation-action se compose de balais domestiques rendus verticaux par des ballons gonflés l’hélium. Ce ballet éphémère propose un espace et un moment ludique, tout en révélant avec poésie et humour l’indétermination des objets et leurs usages.

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