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Emiligraziotti réalise des séries faites de photomontages ou de dessins, travaille avec le son, la vidéo, et l’installation. Artiste pluridisciplinaire et multimédia, elle rassemble tous les éléments qui font de sa production un travail autour de la mythologie individuelle et du particularisme féminin. Elle est de ces artistes qui explorent le corps et la psyché apportant la preuve qu’il n’existe pas d’art d’agrément.
Monstre de chair, hybrides, poupées fleurs, sexuées ou hermaphrodites, sont au générique de son oeuvre. Véritables oxymores, leur vue nous révulse et nous fascine la fois.
Chaque série est composée de fragments d’anatomie, et plus largement liée au corps. On y repère des plans plus ou moins ressérés, macro ou microscopique, des jeux de symétrie, dedédoublement, de démultiplication, différents principes qui chaque fois transforment l’ordinaire en extraordinaire.
Les éléments patterns des images, des photos, des dessins, et des sculptures se répètent eux aussi, s’imbriquent les uns dans les autres jusqu’ ce qu’ils ne soit plus de les départager. Ils s’accouplent en fait, jusqu’ donner naissance de mystérieuses créatures.
Très vite on repère des éléments qui glissent d’une série vers une autre, permettant de mieuxsuivre le cheminement plastique et intellectuel de l’artiste. c’est le cas de la sculpture en tissusA couple of qui semble apparaître, cette fois-ci dessinée, dans la dernière série drawing.
Dans cette série des paires de jambes se découpent sur un aplat de couleur rose ou noir.
Le dessin est linéaire, simplifié, les couleurs réduites, l’espace non défini.
Parfois les jambes sont surmontées d’un buste, lui même surmonté d’une fleur qui fait office de tête, parfois la fleur vient directement sur la paire de jambe, parfois il y a des bras, parfois plusieurs pairs de jambes, plusieurs orifices, plusieurs seins…
Bourrelets de chair ou pétales, féminins ou masculins, vides ou pleins, tragiques ou ridicules,grotesques ou enfantins, ces petits corps hybrides et aveuglent, semble se déplacer dans un espace sans repère. Ils sont parfois gracieux, voire élégant, parfois maladroits. Ils tombent, se roulent et se rattrapent, font de l’équilibre, sont cul par dessus tête, sans tête…et rappellent…la condition humaine.

Corinne Laoues, conférencière au Musée des Beaux-Arts, Rouen.

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