Distances et paillettes dans l’obscurité

Le 11 octobre 2024, les œuvres de Mahmut Aydın et de Sefa Çatuk donneront vie à l’exposition intitulée « Distances et paillettes dans l’obscurité ». Cet évènement inédite est organisé par la curatrice Derya Yücel et la galerie éphémère AZA-ART.
Cette exhibition mettra en lumière La lueur des lucioles qui clignotent dans la nuit et disparaissent au loin, réapparaissent et deviennent visible ailleurs.

Dans son célèbre article intitulé “The Fireflies Article” écrit en 1975, Pier Paolo Pasolini déclare que les lucioles ont désormais disparu. Ce texte est une élégie funéraire écrite pour les signaux humains d’une innocence détruite et utilise la métaphore des lucioles perdant leur visibilité dans un monde exposé à une lumière excessive comme image écologique et poétique. Le penseur français Georges Didi-Huberman s’oppose à l’idée que ces sources mineures de brillance aient disparu. Selon lui, la « lutte pour la survie » est une capacité anthropologique et n’est jamais immobile ou figée : c’est toujours un état de fuite, de dissimulation, de déplacement et de recherche de ce qui est tangent à soi en dépassant les frontières tracées pour soi.

Si l’on emprunte l’idée de Didi-Huberman pour la production artistique, les pratiques artistiques comme les « lucioles » rejoignent désormais des réseaux de résistance qui échappent aux menaces et aux jugements visant leur existence, envoyant des signaux en répandant leurs petites lumières et lueurs contre l’obscurité dans laquelle elles vivent. Organisée par AZA Art, sous la direction de Derya Yücel et réunissant les œuvres de Mahmut Aydın et Sefa Çatuk, l’exposition intitulée « Distances et lueurs dans l’obscurité » établit une analogie entre l’aventure de survie des lucioles et les luttes de résistance et de survie contre les concepts de nature, de mémoire, d’histoire, d’identité et de corps, qui sont ignorés, supprimés, intimidés et détruits par l’hégémonie et le pouvoir. Les gestes lumineux des lucioles qui apparaissent et disparaissent dans l’obscurité inspirent également la relation entre les politiques contemporaines de survie et l’art. L’exposition partage un imaginaire dans lequel les étincelles qui scintillent dans la nuit et disparaissent au loin réapparaissent et deviennent visibles ailleurs.