Dessin: Catherine Burki, “Territoire et transition”

La réalité me touche. Je la vois, je la respire. Mais je ne suis pas dedans. La non réalité m’a kidnappée.

Au volant d’une camionnette, elle a freiné sur ma route avec zèle. Tout bandit voilé sauvegarde son anonymat et c’est donc sans que je la connaisse qu’elle m’entraîne enchaînée dans un grand coffre dénudé.

J’ai toute la place pour m’y allonger. Je suis en mouvement sans bouger. Je suis l’objet de la non réalité. Elle même n’étant personne, elle même étant voilée.

Les visages couverts, impénétrables, donnent pourtant des signes de vie. Ca bouge, ça remue, ça émet des sons. Ils font qu’on s’interroge sur un dedans certain.

L’intérieur : le secret.

Je poursuis mon écriture insensée dans ma camionnette verrouillée et je propose d’accrocher pour vous les peaux tombées du temps passé, les mues brossées en noir sur papier.

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