Pour le vingt-septième épisode de son programme d’expositions « Suggestion de Présentation » proposé dans la galerie de l’Espace Diderot Rezé, Tripode invite Clément Laigle.

Conçu en rupture délibérée avec le traditionnel « cube blanc » propre aux lieux destinés exposer des œuvres d’art contemporaines, cet espace noir et oblique constitue pour chaque artiste invité par Tripode une occasion de confronter son travail un cadre inhabituel, voire hostile. Si la « neutralité » supposée des espaces d’exposition reste sujette débat, elle n’en demeure pas moins admise par les artistes et le public de cette forme d’évènement. Le parallélépipède noir de l’espace Diderot est ce sens une tentative brutale et autoritaire de changer la donne. Chaque artiste qui s’y installe doit repenser sa pratique et son inscription, le noir de l’espace et son volume de cathédrale impliquant l’éclairage, et par l une dimension théâtrale. Qui voudrait s’y soustraire ne ferait que lui laisser la place.

Chacun s’en accommode sa façon. Clément Laigle choisit la confrontation directe.

Adepte de ce genre de rapport conflictuel au contexte d’apparition de son travail, il produit une œuvre empruntant au registre de la construction ses matériaux et usages, comme pour combattre un adversaire avec ses propres armes. Il oppose l’autorité coercitive de l’architecture, qu’elle soit ancienne ou contemporaine, des sculptures dont l’autonomie confine l’insubordination.

Dans cet espace caractérisé par ses murs obliques et ses poutres métalliques, il installe une sculpture monumentale en bois de charpente, aux angles droits, prenant la forme d’un portique fonctionnaliste doté de bancs et d’un système d’éclairage propre. la manière du gradin, prothèse public, bien rangé dans un coin, l’œuvre semble être un nouvel équipement pour l’envers du décor, qui permettrait même de s’asseoir pour en prendre toute la démesure. Son absence de fonction n’est pas sans rappeler les folies architecturales du 18 è siècle (la coquetterie en moins) et renvoie la galerie et son architecture l’arrière-plan, comme un paysage au pittoresque discutable.

Un objet rassurant mais pas trop, comme un arrêt de bus la nuit dans une zone industrielle.

« L’architecture, c’est comme le langage, on ne peut pas y échapper ». Autant lui tordre le cou tout de suite.

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