Continuer sans accepter

Continuer sans accepter

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Une exposition collective produite par Lab GAMERZ – www.lab-gamerz.com

Vernissage & performances : samedi 17 septembre

Entrée libre

Accueil des publics scolaires sur réservation : contact@lab-gamerz.com
Ouverture mercredi, samedi : 10h-12h30 ; 15h-19h
Ouverture jeudi, vendredi, dimanche : 15h-19h

Avec : Antoine Boute, Stéphane De Groef, Jean-Baptiste Ganne, Adrien Herda, Roberte La Rousse (Cécile Babiole et Anne Laforêt), Yann Leguay, Ash Perier et Špela Petrič.

Dans le cadre de la Saison d’Automne de la Biennale Une 5ème Saison, Lab GAMERZ présente l’exposition collective Continuer sans accepter dans l’espace de la chapelle désacralisée de la rue Venel, site historique du centre-ville d’Aix-en-Provence. Le passé religieux privé du lieu, reconverti en imprimerie municipale, se mêle à ses fonctions actuelles de dépouillement des votes électoraux pour alimenter le caractère littéraire et manifeste de l’exposition. S’y rejoignent différentes formes de luttes subtiles et gestes subversifs : livres-boucliers, dictionnaire à la féminine, manuel d’instruction futuriste et hardcore, archives botanique d’un crash boursier, prophétie électrique au discours chaotique, lecture spéculative d’un végétal…

Continuer sans accepter réfère à cette option qui nous est proposée quotidiennement sur internet contre l’injonction existentielle de « tout accepter ». Elle résume significativement nos minces possibilités d’alternatives dans un univers technologique et médiatique en proie au profilage intrusif, au ciblage mercantile et à la surveillance. Comment renouer avec les enjeux d’émancipation, d’expérimentation, de partage de connaissances et de savoirs, que promettait l’avènement du réseau ?

Cette question anime l’ensemble des œuvres réunies dans cette exposition comme autant d’invitations à s’engager dans une recherche de futurs plus désirables pour notre monde.
Continuer sans accepter place la réappropriation du langage au centre des luttes, à l’endroit-même des changements sociétaux qui sont à l’origine de nouvelles relations à l’autre et aux savoirs. Les œuvres réunies utilisent le langage et ses mots comme différentes portes d’entrée vers l’altérité : l’internet, le végétal, le genre, l’économie, l’utopie sont autant d’entités avec lesquelles (se) débattre.

Ainsi procède Roberte la Rousse, pirate à deux têtes – Cécile Babiole et Anne la Forêt – dont le nom est d’abord emprunté à l’illustre dictionnaire puis féminisé pour mieux soutenir l’abolition « du genre dans la langue » et questionner la binarité du langage. Wikifemia prend la forme d’une visite de l’exposition et d’une revisite de l’encyclopédie Wikipedia, commentées en française et offrant un point de vue perspectiviste, historique et politique sur la représentation masculinisée des connaissances et des savoirs.

Stéphane de Groef, Adrien Herda et Antoine Boute rejoint par Ash Perier, à travers leur Manuel de Civilité Biohardcore (Noyau dur de la vie), nous proposent un tutoriel pour survivre au mieux (et avec humour) au nouveau paradigme mondial post-capitalocène. Leur vision futuriste sans compromis mêlant poésie incrédule, survivalisme et relations inter-espèces inattendues est condensée dans trente-six planches originales formant des dialogues sérendipiens entre humains, animaux, concepts capitalistes et utopie écologiste.

Avec Reading Lips, la bio-artiste slovène Špela Petrič recréé une expérience de communion entre l’humaine et la plante, par un procédé de lecture sur les “lèvres” de ses stomates grossies au microscope. Cette lecture anthropomorphique d’une réalité, d’un cosmos tout entièrement « autre », peut dénoncer une vision colonialiste humaine du règne végétal, tout en encourageant l’intuition géniale de la scientifique et l’effort de communication entre deux mondes, étrangers quoique intrinsèquement unis.

Jean-Baptiste Ganne présente quant à lui un chemin de croix retraçant l’historique crise financière tulipomaniaque du 17e siècle. Windhandel est une série de dessins de différents bulbes et tulipes, objets en leur temps de folles spéculations capitalistes et dont la valeur s’est effondrée subitement. Ces espèces sont ici directement menacées au sens littéral du terme par la présence d’armes policières et émeutières issues de la crise grecque de 2008. Cet herbier combattant, entre archive botanique et archéologie de la crise, rejoint par cette esthétique contestataire la série de sculptures Book block du même auteur. S’inspirant des occupations étudiantes dans les universités italiennes faisant face aux forces policières, l’artiste marseillais s’est constitué une bibliothèque de boucliers improvisés aux effigies de couvertures de livres « protecteurs ». Les titres de recueils et leurs auteurs forment une barrière puissante de ressources poétiques, philosophiques et politiques.

Enfin, l’œuvre Volta propose, par une exploration introspective du réseau et du signal, un face-à-face de deux micros entre lesquels des impulsions pures se déchaînent donnant voix à un oracle électrique tourmenté. En soumettant le bruit d’internet à l’analyse d’un logiciel de reconnaissance vocale, une forme de digression verbale émerge en une suite de mots erratique, une poésie bégayante et hésitante cherchant à qualifier la fonction et la nature de sa propre condition électrique. À travers ce dispositif de boucle systémique, Yann Leguay nous invite à confronter nos croyances face à la matérialité des modèles technologiques en exposant les fondements même de nos systèmes de communication. Il nous rappelle avec radicalité la formule de Marshall Mc Luhan : « The medium is the message »1 ou “Le message, c’est le médium”.

Spéculations poétiques autour du devenir humain, intuitions d’avenir aux relations poreuses,
l’exposition vous invite, par quelque moyen que ce soit, à explorer différents protocoles de communication comme autant de stratégies mises en œuvre pour libérer la parole et la pensée.


1 (du livre Understanding Media: The extensions of man (Pour comprendre les médias), publié en 1964 et traduit en français en 1968)

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