COD - Complément d'Objet Direct

COD – Complément d’Objet Direct

Contacter l'organisateur

Une exposition d’Alice Bidault et Vincent Gallais

L’exposition COD (Complément d’Objet Direct) est la première d’un cycle de trois expositions dans lesquelles sont
développées des réflexions autour d’une grammaire de formes. Les deux prochaines, COI (Complément d’Objet
Indirect) et COS (Complément d’Objet Second), viendront le compléter grâce à la collaboration d’autres artistes.
Les titres mêmes des expositions engagent à les élaborer comme la construction d’un texte, par la structuration
des différentes pièces comme celle de phrases qui le composent, avec ou sans intermédiaire, directement ou
indirectement, multipliant les propositions. Ils sous-tendent par leurs natures des médiums, des manières de
procéder, des rapports à l’objet tantôt frontaux tantôt suggérés. Le spectateur est ici considéré comme un lecteur
actif, un acteur légitime et indispensable à la réalisation de l’évènement exposition.
Dans la langue française, le complément d’objet complète le verbe. Il énonce la personne ou la chose sur laquelle
porte l’action exprimée par celui-ci. De manière spécifique, le complément d’objet direct est un mot ou un groupe
de mots essentiel qui se joint au verbe sans préposition pour en compléter le sens.
Dans la lignée de la Verb List de Richard Serra (1967-1968) qui lui utilisait le langage comme un moyen « d’appliquer
des actions diverses à des matériaux quelconques », nous composons avec les matériaux pour leur créer un langage
propre.
Ceux-ci sont de natures diverses : matériaux bruts, objets produits, objets industriels/personnels/trouvés/chinés/
échangés/donnés/au rebut etc. Soumis à une rude sélection, collectés et stockés pour leurs qualités plastiques et
leur potentiel métaphorique, ils sont ensuite réactualisés en fonction d’un contexte précis. Leurs caractéristiques
et « aptitudes » se combinent naturellement, apparaissent ensemble comme une nécessité formant un nouveau
groupe social d’objets mixtes, lors de cession répétées de confrontation à l’atelier.
L’histoire des objets nourrit nos préoccupations en terme de typologie, dont nous partageons un intérêt commun
avec Jean Baudrillard :
« […] l’objet ancien, lui, est sans exigence de lecture , il est « légende » puisque c’est d’abord son coefficient
mythique et d’authenticité qui le désigne. Epoques, styles, modèles ou séries, précieux ou non, vrais ou faux, rien
de tout cela ne change à sa spécificité vécue : il n’est ni vrai, ni faux, il est « parfait » – il n’est ni intérieur, ni extérieur,
c’est un « alibi » – il n’est ni synchronique, ni diachronique (il ne s’insère ni dans une structure ambiante, ni dans une
structure temporelle), il est anachronique – il n’est, par rapport à celui qui le possède, ni l’attribut d’un verbe être,
ni l’objet d’un verbe avoir, mais ressortit plutôt à la catégorie grammaticale de l’objet interne, qui décline presque
tautologiquement la substance du verbe.
L’objet fonctionnel est absence d’être. La réalité y fait échec à la régression vers cette dimension « parfaite » d’où il
n’est que de procéder pour être. » 1
Les objets ont intrinsèquement deux fonctions : l’une qui est d’être pratiquée, l’autre qui est d’être possédée. Leur
statut évolue au cours de leur existence, entre le statut social de l’objet strictement pratique et le statut strictement
subjectif de l’objet de collection, dénué de fonction ou abstrait de son usage. De leur hiérarchisation découle une
catégorisation du monde personnel et social en termes de valeurs, créant un ordre de classification et non pas un
langage. Il est question dans cette exposition de repenser le statut des objets par l’articulation des formes entre
elles, de constituer des systèmes autonomes afin de créer un nouveau lien entre eux et avec le spectateur, une
nouvelle syntaxe jusque là absente. D’un lexique de formes et de couleurs que nous offre la production industrielle,
de ce répertoire extensif dans lequel peut s’inscrire des modalités récurrentes de la « parole » comme différents
caractères d’une langue sans structuration réciproque, nous explorons un nouveau champ sémantique.
Celui-ci est alimenté par l’espace dans lequel il s’inscrit. Sous différentes formes certaines pièces sont dites de
compléments d’architecture par leurs capacités à s’adapter au lieu où elles sont installées. Elles détournent les
spécificités de l’espace de monstration de manière à en révéler la structure. S’opère alors un jeu d’échelle entre
l’espace lui-même et ses représentations. En analogie avec la composition d’une phrase ou d’un texte, beaucoup
d’entre-elles font référence à la construction ou à la pré-construction architecturale par le biais de plans, de tracés,
de dessins ou de photographies.
Cette exposition à été pour nous l’occasion de penser et de concevoir les pièces à deux, choisissant de réunir en
elles les points convergents de nos pratiques respectives sans distinction.
Alice Bidault et Vincent Gallais

1 Jean Baudrillard, Le système des objets, p. 113, Gallimard, 1978

Identifiez-vous Créez un compte

Vos informations ne seront pas vendues. Notre politique de confidentialité.

 

×
Créez un compte Vous avez déjà un compte ?

 
×
Vous avez oublié mot de passe et/ou identifiant ?
×

Go up