Christian Maillard – Visages du Bénin
- Du 01/12/2016 au 31/12/2016
- Localisation : Central Dupon
- Site de l'événement
Au cours d’un voyage intense remarquablement organisé par la Société des Amis du musée du quai Branly–Jacques Chirac en février 2016, j’ai pu apprécier, comme mes compagnons de voyage, le patrimoine historique, la richesse culturelle toujours vivante de ce pays démocratique et francophone d’Afrique de l’Ouest.
Le Bénin et le Vaudou
La religion du Vaudou trouve ses racines au Bénin et plus particulièrement dans les régions d’Abomey, l’ancienne capitale d’un royaume florissant et puissant entre le 17ème siècle et la fin du 19ème siècle, de Ouidah et de Porto Novo.
Toujours enracinée, cette religion est encore pratiquée par une grande majorité de Béninois. En témoignent, les temples, grands ou petits, importants ou non qui bordent les routes et occupent les villes ; le temple des pythons à Ouidah ou celui de Goxin-Xo dans la forêt sacrée de Kpassé par exemple
Chaque ethnie, chaque village, chaque famille possède sa façon de faire vivre le culte. Un culte dont bon nombre de pratiques restent secrètes, transmises de génération en génération et ouvertes qu’à certains initiés.
Mais les cérémonies publiques, celles auxquelles les blancs peuvent être conviés, sont variées, pleines de significations.
On en verra trois exemples dans cette exposition :
Les masques Egungun , les masques Zangbeto, et les masques Gélédé.
Le Bénin et les trafics d’essence
Romuald Hazoumé, originaire de Porto Novo, photographe et plasticien de renommée internationale, raconte la triste histoire de ces Béninois les plus pauvres qui, à bicyclette ou en mobylette, vont chercher de l’essence dans le pays voisin. Au Nigeria, cette essence coule à flots au sens propre du terme, les conduites et pipe lines étant percés à dessein.
Ces pauvres achètent bon marché cette essence de contrebande, souvent de très mauvaise qualité, pour la revendre un peu plus chère dans leur pays à des compatriotes qui opèrent sur des étals sauvages installés au bord des routes, quelquefois à proximité des stations services officielles des grandes compagnies de distribution.
Cette essence, leur gagne-pain, ils la transportent dans des jerrycans préalablement gonflés à la chaleur pour tripler ou quadrupler leur capacité. C’est ainsi que les contrebandiers véhiculent sur de longues distances des chargements bancals de plus de trois cents litres grâce à leurs moyens de locomotion de fortune et dans les conditions les plus dangereuses qui soient. Beaucoup meurent en route… Le salaire de la peur…
Hazoumé a photographié ces pauvres ; il utilise aussi leurs bidons en plastique pour en faire des masques et des sculptures. Les bidons ont parfois des marques de protection, des lettres, des signes ; le vaudou n’est pas loin. Même si on n’y croit pas, on le craint !
Hazoumé a exposé ces œuvres dans le monde entier pour faire connaître l’histoire des trafics d’essence entre Nigeria et Bénin, produit de la mentalité africaine et de la corruption des politiciens, dit-il.
Le Bénin et ses artistes contemporains
Ce pays d’Afrique occidentale qui s’étend du fleuve Niger au nord à la côte atlantique au sud est une terre bénie pour les sculpteurs, peintres et plasticiens. Plusieurs d’entre eux, mondialement connus depuis la célèbre exposition « Magiciens de la terre » présentée par Jean Hubert Martin à Paris en 1989, travaillent et vivent au Bénin.
J’ai déjà évoqué de Romuald Hazoumé à propos des trafics d’essence.
Une ou deux œuvres de trois autres artistes sont présentées dans cette exposition ; celles de Eusèbe Adjamalé, Kifouli Dossou et Dominique Zinkpé.