CHRISTIAN JACCARD
- Du 16/05/2011 au 28/05/2011
- Localisation : Galerie du Tableau
- Site de l'événement
« TONDOS »
L’art de Christian Jaccard se caractérise par la combinaison de deux facteurs antinomiques dont les forces et les conséquences de leurs dynamiques compulsives président l’invention d’une réalité singulière. Du noyau générateur d’énergie aux nœuds et entrelacs de l’origine du temps, il développe la filiation de ces processus respectifs et confronte la transformation de leur matérialité entropique, celle-ci trouvant ses fondations dans les symptômes, rêves et obsessions qu’il perçoit dans son environnement quotidien et auprès des différentes espèces du vivant. Il invente en 1960/70 une mise en œuvre picturale partir de la confection « d’outils de cordelettes nouées » empreintes sur la surface de toiles libres, parallèlement l’appropriation du feu comme autre marqueur signifiant. Puis il effectue ses premières explorations de brûlage, combustions lentes et feux jaillissants inspirés des pratiques ancestrales de l’écobuage dites cultures sur brûlis. En 1973/1984 les œuvres calcinées par des « outils » de mèche combustibles altèrent les pigments et fragmentent les supports. Le recouvrement d’entrelacs proliférant et supranodal se substituent la panoplie des nœuds instrumentés tout en se juxtaposant aux ignitions. En 1989/1990 il passe de la combustion cryptée la pratique des brûlis associant/alternant le feu en expansion aux forces d’inertie du concept supranodal (accumulation de textures noueuses). Au cours de la dernière décennie, il développe cette expérience des brûlis multipliant les traces de leur mémoire. Il interroge l’usure du temps qui ne cesse de dégrader l’événement de sa durée par délitements successifs. Les brûlis principes actifs et les entrelacs événements agissants, tissent leurs trames spécifiques dont les énigmes respectives se répondent en écho. Pour comprendre l’antagonisme de ces causes il faut admettre que l’émergence, l’existence et l’expression des règnes du vivant nées de la lumière sont un phénomène unique crée par la propagation du feu nucléaire et par son énergie. C’est un générateur d’espèces dont l’éclat, l’incandescence, la luminescence, la vitesse de rayonnement et les radiations inventent une dynamique implacable évoluant dans un système de réseaux dont les nœuds et leurs enchevêtrements dévoilent la complexité biologique qui se répète sous forme de variantes. Le principe de répétition et d’accumulation préside des ensembles spécifiques et cette problématique inspire une alliance entre feux et nœuds, entre deux entités fondamentales, convergentes et complémentaires. Le feu est une force universelle qui brille, étincelle, illumine, flamboie, embrase, brûle, consume, calcine, grille, incinère, incendie, carbonise…C’est un outil absolu dont l’éclat des flammes s’évanouit comme le temps fuit irréparable ; un outil universel dont la fonction est de sublimer son corps et ceux du monde végétal, animal, minéral et sidéral. Sa matière résiduelle se charge d’une succession d’états et de choses en devenirs relayés par les caractéristiques de son Histoire emblématique. Mettre en œuvre sa flamboyance impose un certain regard, une lecture singulière. Avec le feu, on a affaire une matière instable, imprévisible. L’incandescence est une force en mouvement dont les aléas dérivent, s’envolent. On donne au hasard comme l’irrationnel les chances de s’exprimer. Et ce qui interpelle Christian Jaccard c’est la matière d’un faire et son objet de pensée, la forme visuelle, éblouissante, vacillante, anéantie puis réduite en poussière, dont les vestiges de sa trace pulvérulente apparaissent comme amas de scories, suites d’arabesque et d’images improvisées. Noire l’ignition des brûlis fragmente, carbonise et s’étale sur le medium découpé en forme de Tondo… Œuvre de la photographie : -Oval BRN 1204, Brûlis sur zinc grené, 1990 ø 29/23cm Parallèlement l’exposition on verra ailleurs : *Penser l’arbre, tableau éphémère, Parc de Maison Blanche ,13009 Marseille, 19 >27 mai 2011 *Minuit, Minuit « écart » : combustion au gel thermique présenté dans le nouvel accrochage des collections permanentes au MNAM Centre Georges Pompidou. *Ombres de brûlis : tableau éphémère réalisé l’occasion du 5ème anniversaire de l’ouverture du MAC/VAL Vitry-sur-seine. *Énergies dissipées : exposition d’œuvres inédites et tableau éphémère au Domaine de Kerguéhennec (chapelle et château) Bignan, 26 juin>25 septembre 2011. Bibliographie : Gilbert Lascault : L’événement et sa trace, éd. A. Biro, Paris 2003 Christian Jaccard : Conversations, éd. de l’ENSBA, Paris 2010