Charles Fréger, AAM AASTHA

Charles Fréger, AAM AASTHA

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La galerie a le plaisir d’annoncer AAM AASTHA, une exposition personnelle de Charles Fréger.

Depuis le début des années 2000, avec ses séries de « portraits photographiques et uniformes », Charles Fréger explore, par le biais du vêtement et du costume, nos manières d’être au monde.

Au cours de la dernière décennie, il a consacré quatre séries aux mascarades : Wilder Mann, dédié au continent européen (2010-), Yokainoshima (2013-2015), localisé sur l’archipel nippon, Cimarron (2014-2018) ancré dans les territoires des Amériques et enfin AAM AASTHA (2019-2022), réalisé en Inde. Ce dernier projet, récemment exposé au Château des Ducs de Bretagne – Musée d’histoire de Nantes, révèle, en un vertigineux répertoire de formes, couleurs et matières, le jeu masqué des représentations des divinités indiennes, s’incarnant à l’occasion de performances sacrées. L’exposition à la galerie Les filles du calvaire présente, concomitamment à la sortie du livre (Actes Sud), une sélection de ces incarnations divines.

Charles Fréger a entrepris dès 2019 une série de voyages en Inde, pays dans lequel il avait déjà réalisé les projets Sikh Regiment of India (2010), Painted Elephants (2013) et School Chalo (2016). Le titre de l’exposition AAM AASTHA peut se traduire par « des dévotions communes », le « commun » étant entendu ici dans son double sens : l’ordinaire et le collectif.

« Je voulais que le titre puisse traduire le vertige que l’on peut ressentir à la vue de ces traditions. On observe la hardiesse de leurs formes, l’opulence des couleurs, leur outrance magistrale, l’adhésion qu’elles suscitent et on apprend simultanément que ces figurations sont l’œuvre de citoyens ordinaires, souvent issus de milieux pauvres, qui incarnent dans l’imaginaire collectif, le temps bref de la mascarade, des dieux. » – Charles Fréger

Pour composer AAM AASTHA, c’est par le sud du pays (Karnataka, Kerala et Tamil Nadu) et avec l’épopée fondatrice du Râmâyana comme fil conducteur que l’artiste a amorcé son exploration des formes d’incarnations de divinités majoritairement hindoues. La profusion de formes et de traditions a très vite dépassé le cadre strict du Râmâyana et du Mahâbhârata en incluant également les traductions des spiritualités bouddhistes du Nord-Est du territoire indien.

Par les films, la télévision, les livres scolaires, les populations ont assimilé des formes dominantes de représentations hindouistes mais leur éloignement des grandes villes permet de faire perdurer une multiplicité d’interprétations : des traditions de masques sculptés, de totems, des formes de maquillage, des typologies de personnages propres à chaque région. Déjouant la hiérarchie sociale établie, l’incarnation des dieux révèle une organisation parallèle, codifiée, au sein de laquelle certains individus, souvent issus des castes les plus défavorisées, se voient assigner ce rôle sacré. Celui et celle qui jouent deviennent, par le costume, les incarnations réelles et temporelles du dieu : au changement d’apparence s’associe un changement de statut.

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