Ça marche ?

Judith Nem’s (Judith Nemes, née en 1955 Budapest, Hongrie) exerce ses activités artistiques partir de 1992 Paris, puis, depuis quelques années, la Haye. Un temps co-rédactrice des revues d’art franco-hongroises Revue d’art 90°, Parisiens hongrois et Revue enveloppe, fondées par Joseph Kadar. Dans ses travaux récents, elle mêle la chaleur des couleurs l’indéfini des transparences ou des superpositions. C’est un art ludique et rigoureux, sans jamais être systématique. Sa récente série des Embauchoirs, collages et interventions diverses animant des formes chaussures ou créations libres rappelant la forme des embauchoirs, semble sortir des sentiers de la peinture murale, ce qu’elle faisait d’ailleurs déj volontiers avec ses totems, ses suspensions et ses volumes décoratifs. Abandonnant l’expression “géométrique”, elle semble ainsi renouer avec une voie qu’elle avait déj reconnue il y a une quinzaine d’années : l’exploration et le questionnement du corps humain. Après les Cuillers de table, après les Mannequins de couturière, voici donc les Embauchoirs féminins. Peints ou associés de vieilles pages imprimées, des publicités, des drapeaux de cartons colorés, ils bénéficient de toute l’expérience abstraite de l’artiste, tout en renouant avec le corps féminin et une expérience plus sensible du monde. Ces formes font naître dans notre imagination des trottoirs de rêve, un ballet d’élégantes, un monde de poésie, qui renoue heureusement avec une esthétique plus charnelle et, me semble-t-il, résolument actuelle.

Jean-Pierre Arnaud