Aurèle  L’utopie de vouloir conclure

Aurèle L’utopie de vouloir conclure

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Aurèle

L’utopie de vouloir conclure

Musée Denys-Puech

Du 13 juillet au 2 septembre 2012

En 1994, le musée Denys-Puech ouvrait ses portes Aurèle pour la première fois. Aurèle avait trente et un an et l’exposition s’intitulait « Aurèle by Aurèle, Devoir d’ingérence ? ou Délit d’initié ? Tentative rétrospective ». Il y avait péril en la demeure, l’artiste sonnait l’alarme. Face aux maux de notre temps, du sida l’exclusion en passant par les guerres, les excès médiatiques et les catastrophes écologiques, l’urgence de l’œuvre achever devenait alors une nécessité. Le mot d’ordre : créer, créer vite avant la Chute. Conscient de la fragilité de la vie, face l’imminence de la fin, Aurèle voulait conclure, inscrire sa volonté de rester dans l’éternité, faire couler dans le bronze la survivance la mort. Brûlant dans sa chair, l’artiste choisissait le jaune comme image mentale de cette urgence et la figure du Chien perdu – le LostDog- comme fil conducteur de son œuvre.

Aujourd’hui près de vingt ans sont passées, l’urgence est toujours l , mais elle n’est plus celle des débuts. Entre-temps, il y a eu renaissance. Aurèle, bien accroché au radeau de la Méduse, a choisi pour son deuxième opus au musée Denys-Puech, de porter un regard rétrospectif lucide et distancié sur cet élan utopique initial la fois tragique et irrésistible de ce « vouloir conclure » né, au final, de l’urgence de se survivre lui-même. Qu’est-ce que j’ai fait ? demande Aurèle. Que fais-je aujourd’hui ? Que faisons-nous pour changer le monde ? « L’Utopie de vouloir conclure » est aussi une façon ironique de provoquer la réflexion sur la position de l’artiste, sur ce que c’est que ce moment où le créateur est en face de lui-même et de son oeuvre. « L’art est un anti-destin » disait Malraux, « Art saves life » nous dit Aurèle. Conclure, c’est donc mourir. Aussi, en installant une armée de 160 LostDog dans le sous-sol du musée Denys-Puech et en recouvrant les murs d’une pluie de paillettes CamouDog, l’artiste fait-il « acte de résistance ». Plus que les gardiens d’un monde blessé, les LostDog et CamouDog d’Aurèle sont avant tout une ode la vie et une invitation la résistance face la mort, au temps et l’oubli.

Textes de Déborah Boltz

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