SOPHIE LORMEAU

Artiste plasticienne, Sophie Lormeau a glissé dans la peinture dès l'enfance. L'art est pour elle un refuge, une nécessité, une liberté pour créer son monde. Afin de préserver son univers artistique, elle a choisi de suivre des études d'arts appliqués tout en continuant sa quête dans le secret de l'atelier.

Diplômée des Arts Décoratifs de Paris en design mobilier et de l'École Duperré en dessin textile et impression, elle a exploré différents médiums et tissé des liens entre les arts appliqués et les arts plastiques. Inspirée par l'idée d'insuffler une âme aux choses, l'artiste a déployé son écriture artistique sur des objets "habités". Dans cet esprit , elle a travaillé pour Christian Lacroix, Nobilis, Habitat, Deshoulières, collaboré avec la presse féminine et durant seize ans avec une maison de couture japonaise.

Sa création est aujourd'hui consacré à l'art contemporain. Elle détourne des pages de magazine, déchirées, effacées et assemblées, délicate expression de la vulnérabilité.

Sophie Lormeau peint la fragilité et notre dualité mouvante, émouvante.

À travers une peinture introspective, elle questionne notre identité et notre individualité. En rendant visible l'agitation de l'âme, l'artiste met en lumière nos ambiguïtés, les multiples facettes qui nous composent et nous tiraillent. La fausse candeur des variations autour du rose est l'expression de cette palpable tension.

Sa série "Les Maisons déracinées" apporte une première clef à la connaissance de soi. Ces maisons représentent des demeures vagabondes au sein desquelles s'animent les vestiges de l'enfance. Les brisures enfouies sont figurées par les racines accrochées sous ces maisons. Paradoxalement, ces maisons lui semblent être des personnes voyageant en terre inconnue, incarnations de nos fluctuations, migrations et sujettes à métamorphoses.

Dans sa série actuelle "Le corps de l'autre", Sophie Lormeau déploie une empreinte sur des assemblages de papier aux contours irréguliers. Mi-cartographie intérieure, mi-suaire fantasmagorique, cette trace donne corps à nos émotions en réaction au souvenir : répulsion, manque, oubli, désir de l'autre. Les secrets perlent et oscillent au creux de sillons encéphaliques, écrins de notre mental et de notre mémoire. Sonder l'autre ouvre une autre porte sur soi.

Ces abris, ces corps ou leurs fragments, parfois ornés d'éléments botaniques, sont les promesses d'une renaissance.