GIESBERGER Philippe

« Il peint et sculpte depuis son adolescence tout en menant une carrière d’infirmier en psychiatrie. Avec les patients il a développé des ateliers d’arts plastiques en référence aux pratiques de l’art brut théorisé par Jean DUBUFFET. Dans son travail personnel, après une période abstraite sur grands formats, il se tourne vers l’aquarelle figurative. Inspiré par la tradition picturale des peintres paysagistes, essentiellement ceux de la fin du 19ème siècle français, son travail plonge ses racines dans l’enfance et son imaginaire : êtres composites, présence forte des éléments naturels, atmosphère intemporelle. Cette proximité avec l’imaginaire de l’enfance s’exprime également dans les sculptures qu’il fabrique à partir de matériaux de récupération. » par Françoise TARQUIS # Né le 23 septembre 1956, vit au Faou dans le Finistère (29)

Stéphane NADAUD pour Chimères : Dirais-tu de tes personnages qu’ils sont naïfs ?

PG : un dessin naïf, c’est un dessin qui veut représenter, mimer une réalité de manière naïve. Je ne me reconnais pas dans cette définition. Mes dessins s’apparentent plus à l’art brut. C’est une production nécessaire, imaginaire et narrative. Nécessaire, c’est ce qui l’apparente à l’art brut. Imaginaire, parce qu’elle produit des paysages d’un monde interne, d’un état souvent gratifiant. Narrative, parce que, à chaque fois, il s’agit d’une histoire, non pas sur la durée, mais sous une forme très condensée. Comme dans l’iconographie du Moyen Âge où tout est codé, où chaque objet, posture du corps, des mains, du cou, direction du regard, lanterne éteinte ou allumée, ont une signification qui se présente comme une énigme. Pour moi, c’est pareil. Ces emblèmes ou ces enseignes que sont l’animal, le château, l’âne, le personnage androgyne, le chemin, l’arbre, la nuit, les astres, ont accompagné mon analyse. En ce sens, mes images s’apparentent aussi au conte. Il y a quelque chose d’initiatique. Mon personnage a la dimension du héros. Il traverse des épreuves qui vont le faire changer d’état, accéder à d’autres niveaux de réalité. D’où évidemment, cette évocation de l’enfance et cette proximité avec l’illustration. A ceci près, là encore, que ce n’est pas une illustration. Le dessin se suffit à lui-même. Il n’illustre pas un texte, ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas de correspondances.

///// Expositions /////
. Du 23 novembre 2024 au 31 janvier 2025 exposition à la bibliothèque Nathalie Le Mel, organisée par la municipalité du Faou (29).
• 26 mai 2017- 5ème Fête de l’Estampe. Place Saint-Sulpice, Paris 6e
• Du 6 au 27 mars 2017. Impression(s) d’atelier- Médiathèque Saint-Exupéry. Neuilly-sur-Marne,(93)
• Du 17 juin au 9 juillet 2016 – La Fabrique, Paris 14e
• Du 3 février au 5 mars 2016 – Expositions des Artistes Nocéens, Neuilly-sur-Marne,(93) Obtention du 2ème prix de peinture de la ville.
• Du 30 janvier au 21 février 2015 – La Fabrique, Paris 14e
• Août 2014 – Galerie municipale, Le Faou, (29)
• Avril, mai, juin 2013 – Ferme des artisans de Saint-Michel de Brasparts, Brasparts (29)
• Décembre 2012 – Artistic Garage, Neuilly-sur-Marne, (93)
• Mai 2011 – Au 49 rue des Partants, atelier de Corine FERTÉ, Paris (75)
• Novembre 1988 – Salon de Novembre à Vitry (94)
• Novembre 1987 – Centre municipal d’actions culturelles, Choisy-le-Roi (94)
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//// Extraits d’articles de presse ////
• « L’imaginaire de l’enfance se retrouve aussi dans ses sculptures, qui sont articulées ; envie de monter sur le cheval, de le caresser, de discuter avec l’homme » ; Le Télégramme, 19 août 2014
• « Philippe travaille en milieu psychiatrique mais ses œuvres très colorées, et qu’il compare à des illustrations un peu enfantines, sont inspirées de ses propres enfants qu’il regarde grandir » ; Ouest-France, 18 avril 2013
• « Les aquarelles du peintre Philippe GIESBERGER sont visibles à la Ferme des artisans jusqu’à la fin du mois de juin. L’artiste emmène les visiteurs dans un univers onirique peuplé d’enfants et d’animaux, de paysages d’ici et d’ailleurs (…) Ces enfants calmes et tout ce petit peuple d’animaux semblent veiller comme des sentinelles (…) Elias JABRE, ami écrivain de Philippe GIESBERGER, décrit ainsi son œuvre : « Grâce à son imaginaire, Philippe et ses animaux nous rendent du souffle et de la magie » ; Le Télégramme, 17 avril 2013
• Un peintre au conservatoire : « Mon seul thème c’est la peinture » ; Le Républicain (94),  26 novembre 1987
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//// Publications ////
• Dessin de couverture de la revue Psychologie Clinique, n°50 - 2020/2
• 3 figures pour accompagner l’article de Stéphane Nadaud in Mélanges offerts à René Schérer, L’Harmattan, 2015
• Suite de dix dessins, in revue Chimères, n° 69, printemps 2009
• Réalisation de la couverture du n°64 de la revue Chimères, suivi de trois illustrations et d’un entretien avec Stéphane NADAUD ; printemps 2007
#//// Textes ////
Sentinelles
il y a des animaux
c’est un souffle qui traverse nos espaces ocres et dépeuplés, qu’il s’agisse de la vielle bâtisse au toit défait près du poteau électrique où traînent les chiens errants, du cabanon devant la palissade où l’homme renard à jambe de bois observe l’homme loup qui se promène mains dans les poches
il y a des animaux qui ouvrent les âmes des habitants et découvrent les paysages qu’ils habitent en secret
alors le souffle les traverse et diffuse une paix frémissante qui chasse de leurs corps la peur
cette petite solitude sale d’être un homme
plus maintenant,
dans le travail de Philippe, il y a des animaux, c’est la nouvelle alliance
alors il ne faut pas s’étonner de voir, sortie de la maison qui rayonne, une indienne qui marche dans la plaine jaune vers des enfants calmes, à la tombée de la nuit, alors que des paysages ancestraux renaissent par delà le ciel magenta, faits d’animaux, d’hommes et de tipis
des mondes renvoient à d’autres mondes, intégrant la magie aux paysages
et tous ces animaux veillent, comme d’étranges sentinelles, et peuplent les rêves des humains, les nourrissant d’espaces
et à force de peupler les rêves, la peinture se transforme, et les animaux viennent habiter directement les corps
une femme centaure trotte près d’un garçon ailé, un homme loup croise une femme renard qui fait la coquette appuyée contre un mur de brique, et la même scène se reproduit à la mer et à la montagne grâce à son imaginaire,
Philippe et ses animaux nous rendent du souffle et de la magie
Elias JABRE, Avril 2011
 
Philippe, peintre du rêve
Partir
Les enfants sont parfois fatigués des fautes de leurs pères, et si seuls.
Ils quittent une maison, le feu à l’intérieur qui luit longtemps encore.
Le feu accroché aux fenêtres, il faut partir, laisser derrière soi ces maisons qui brûlent, et marcher sous les cieux, marcher avec les ombres.
Plus loin sont les abers ; ils se laissent gagner par des chemins étroits, s’égarant dans les landes tapissées de bruyères… Lumière du soir comme un baiser à la perte du jour, déclin des heures tissant la moire du couchant…
Les animaux s‘inclinent, qui savent l’inutile, la douceur au front : à quoi bon ? Sans les hommes, que deviendraient leur pâture ?
Ailleurs : Des oiseaux sur la rade, une fille serre son pull, les yeux bordés d’un amour sans adresse.
Villes
Villes à feu et à sang, paysages suintants de la modernité violente : Les immeubles en fusion glissent vers le canal, à son tour le béton délavé se répand sur le sol. Il faut habiter cette désolation, cette beauté abrupte des usines qui fument sous le  ciel orange, et vient rouiller dans les flaques des docks. Il faut traverser ces autoroutes urbaines et leurs abris fictifs, check-points de toutes les trajectoires et de tous les possibles. Bouches de métro, échangeurs, surfaces, disparitions.
Un garçon paraît, vêtu de noir avec sa veste galonnée, sa marche est rapide, il s’avance, il  part retrouver les autres.
Les Autres
Ils sont une bande joyeuse et se promènent,  les amis.
Ils inventent : De la magie sous des chapiteaux de fortune, des lanternes d’automne brandies comme des fanions, des paradis oniriques enfermés dans des bulles de savon. Des cirques éphémères où les dompteurs d’un soir épousent leur bête fauve. Leur univers est peuplé, et se consume au fil des nuits. Que seraient ils sans leurs récits, que deviendraient ils si l’un seul d’entre eux manquait à l’appel ?
Solitude des villes, et pourtant…
Rencontre
Dessein d’une promesse aiguë et joyeuse, une rencontre sans doute : un homme, une femme, tous deux en présence s’aperçoivent, voilà que ça surgit : Elle attends, la beauté accrochée au sourire,  et lui sans le savoir qui la cherche déjà.
Ces deux autres se connaissent, unis par l’indicible.  Ils sont serrés l’un contre l’autre, leur proximité bouleverse, ressentir nous aussi ce silence qui les meut.
Disparaitre avec eux dans l’immuabilité de cette étreinte.
Enfance
Et puis voilà que resurgit l’enfance, accrochée à la boue des chemins, en vêtements de pluie, agrippée aux bottes d’un plus grand et plus fort, qui se dérobe et se cache au tronc d’un chêne.
Le visage  du petit se lève, saisi de vertige, effroi de l’abandon…
Tout redevient normal, tout reprend, ils sont là, à deux ou à trois, serrés par les secrets sous la pluie de novembre et les arbres dénudés, étonnés et curieux aux premières neiges, encapuchonnés pour leur promenade, aussi longue que la traversée de l’enfance.
A la nuit tombée, viendront les histoires ;
Chevauchée fantastique pour l’elfe accroché à la fourrure de l’ours blanc, murmure de l’âne à la jeune fille douce, lors que l’enfant au double de goéland songe à son vol lunaire.
Le renard s’accoude à la fenêtre et converse à loisir  avec le jeune homme qui veille;
Et puis encore : Deux compères, l’un rouquin l’autre brun adossés à la jetée, le long de la mer,  toisent d’un regard ironique on ne sait qui, ni pourquoi.
La distribution de nos rêves aurait elle changé ?  Et si le loup et le renard en maitres des lieux décidaient du cours de nos destinées, des tourments de nos âmes ?
Frontières incertaines, peur et désir entremêlant leur souffle sur nos paupières fermées…
Il n’y a pas assez d’une vie pour peindre la puissance des désirs, la sensualité lente qui boit à tous les sens, la merveille des paysages aux cieux balayés des vents où demeurent quelques maisons anciennes…
Philippe peint comme on rêve, à profusion.
Le souffle de la Renaissance traverse ses nuages, les heures données au regard, déclinent sans cesse les perspectives.
Au bord d’un chemin, un couple, éternel.
Sylvie GAULIARD, septembre 2015

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