Michel ALQUIER

Français / English

Je m’offre le jeu infini des formes et tout ce que la rondeur des figures et la façon de les modeler peuvent cacher comme surprises. Je découvre des richesses, des variations, des rapports qui me surprennent. On peut ne voir de ce point de vue qu'une question sur l’image du corps ou une recherche sur le lien qui existerait entre certaines « Vénus » paléolithiques et d'autres, actuelles, aux corps façonnés par notre monde contemporain.

J'essaie également, et c’est le plus important, de faire passer dans mes sculptures une puissance de vie. Ces hommes et ces femmes doivent pouvoir exister avec leur part de liberté, de mystère, avec l’expression qui leur convient. Ils agissent, éprouvent des sentiments, s’abandonnent, s’expriment ou se taisent, s’affirment… Ils manifestent donc aussi le rapport qu’ils ont avec leur propre corps et sont (ou non) environnés par une présence qui les regarde. Un regard toujours extérieur ? De qui ? Mais posent-ils pour autant comme un modèle ?

À première vue peut-être proches d’une représentation réaliste, mes sculptures ne sont cependant que l’expression modelée d’images que je cherche à capter, expression que j’essaie de garder la plus ouverte possible. Et si, de mon côté pour chaque pièce je place des signes, ceux que me permet la nudité de mes figures, j’essaie des équilibres différents au cœur ou au-delà d’oppositions ou de paradoxes. J’aime l’idée que ceux qui les regardent, en leur attribuant des images, des pensées, des sentiments qui résonnent en eux, en laissant ainsi un peu d’eux-mêmes, accordent à ces sculptures, ces images, une part de leur présence.

(…) « Loin d’une académie narcissique, son œuvre toute personnelle témoigne d’une singulière force de création et renvoie aux émotions universelles. N’apparaissent en elle que courbes et rondeurs charnelles, qui n’avancent que par des pressions, lestes et graves, ne s’ouvrent que par des aléas, ne s’offrent que par des gestes de mise en forme, inlassablement ressassés ; tâches pour l’artiste, de la quotidienneté : (la paume ouverte, le bras et le torse qui, dans un mouvement de rotation, élèvent du sol cette argile dans un jet, dont la violence calculée ponctue l’œuvre entreprise sous la pression du seul pouce à vif, instrument primitif par excellence.) »
Poulet de Gruissan, Rondeurs charnelles in Portraits d’artistes, éd. Nuances-Formes-Langage, ISBN 978-2-9533078-4-9/ EAN 978 29 53 307849

GALERIES :
La Galerie HOSSEGOR (40)
L'Etangd'Art BAGES (11)

I offer myself the infinite play on shapes, and everything the curves of figures and the way to shape them can offer. I find treasures, variations, relationship which surprise me. One can only see from this point of view a question about the image of the body or a search for the link between some Paleolithic Venuses and others, more modern, with their body shaped by our contemporary world.

I also try, and this is the most important, to send the power of life through my sculptures. These men and women should be able to exist with their own freedom, mystery, their own expression. They act, they feel, they let themselves go, they express themselves or say nothing, they assert themselves. Thus they show the link they have with their own body and are (or not) surrounded by a presence who looks at them. Is it always an outside look? Who is it from? By the way, do these figures stand as a model?

At first sight, maybe close to a realistic representation, my sculptures only show the shaped expression of images that I try to capture; I try to keep this expression as open as possible. Even if I put signs for each piece, the ones the nakedness of the figures allows me to show, I try different balances within or outside oppositions or paradoxes. I like the idea that the people who look at my sculptures give them a part of themselves, by putting images, thoughts, inner feelings on them, leaving thus a little of themselves.