Marie-Françoise GAGNERAUD

Depuis plusieurs années je compose des variations autour de la fenêtre en jouant avec ce que sa transparence nous montre ou nous cache. Mon pinceau cherche à révéler sa surface invisible et à dévoiler ce qu’elle dissimule.
Les fenêtres sont multiples comme ce que l’on voit à travers elles. Elles s’inscrivent dans un lieu et sont indissociables de la surface du mur. Elles ne sont plus une ouverture mais un révélateur de l’intimité que le mur nous cache. Il est un obstacle qu’elles traitent avec insouciance et poésie. La peinture, l’œuvre se substitue à la fenêtre. Elle est ce révélateur.
Au fil des années, la fenêtre en tant qu’objet est devenue de plus en plus discrète dans ma peinture jusqu’à maintenant où il s’efface totalement. Le point de vue et le cadrage suffisent à signifier la fenêtre, c’est-à-dire le regard que l’on porte à travers elle. Pour aller plus loin, les toiles assemblées peuvent recréer le mur dans lequel elles sont les ouvertures. Nous pouvons les voir comme un ensemble ou séparément, comme un élément autonome. Ainsi mes peintures dévoilent des indices de vie et des moments d’intimité.
Si ce qui est représenté se réfère directement à la réalité, sa lecture s’en éloigne. Le cadrage et les choix picturaux brouillent la vision et ne laissent transparaitre que des indices de réalité. La peinture, par son traitement se charge de cette mise à distance. Elle pourrait être perçue comme réaliste mais s’offre avant tout comme couleurs, matières, rythmes, ombres et lumières.
Mon regard sur le monde est curieux et ma perception aigüe de la réalité donne une vision inattendue de notre quotidien. Elle me permet de révéler le particulier, le poétique dans le banal, dans ce qui d’ordinaire n’attire pas notre attention.