Jean-Marc VOILLOT
Entretien avec Jean-Marc VOILLOT
Fabienne DOREY, le 17 février 2005
F.D. : Il semble que ton travail soit parfaitement adapté aux parcs de musée ; mais aussi aux parcs régionaux, nationaux… Ces lieux peuvent t’offrir un lieu d’expérimentation et de création. Les parcs de sculptures en Région Rhône Alpes sont relativement nombreux. Créés à l’initiative d’un musée ou d’une collectivité, ces parcs peuvent être un très beau cadre pour tes installations in situ. Certaines institutions s’intéressent plus particulièrement au rapport entre art et nature, et aux artistes en lien étroit avec les questions de nature et de paysage.
Tu as réalisé des œuvres et exposé dans de nombreux lieux de la Région Rhône Alpes. Peux-tu nous les citer et expliquer en quelques mots ton travail sur ces cites ?
J-M. Voillot : Mes interventions ne se limitent pas à la Région Rhône-Alpes, mais j’ai éprouvé un grand plaisir à œuvrer en son sein comme dans le Rhône à Lyon au Parc de la Tête d’Or, en Ardèche à Jaujac, en Haute-Savoie à Evian, à St Cyr Sur Menthon au Musée de la Bresse, etc…
Dès qu’un lieu m’est proposé pour réaliser une installation d’Art Contemporain, la première démarche est de me déplacer physiquement sur le lieu pour effectuer une reconnaissance, pour m’imprégner du site. Je laisse agir mes sens, mes émotions, je me renseigne auprès de la population locale concernant la géologie, l’histoire et la mémoire, l’examine sous toutes ses formes, en garde des images. Alors vient la période de réflexion et d’élaboration du projet. Le but étant de ne jamais transformer un lieu mais plutôt de le valoriser, d’en extraire sa force. Mon travail sur ces sites a consisté à donner de nouvelles approches, un nouveau regard, une nouvelle perspective, une nouvelle grille de lecture du paysage, une nouvelle architecture de l’espace.
F.D. : Quelles conséquences le milieu naturel (situation géographique, climatique, végétales, minérale…) a-t-il sur ton travail ?
Utilises-tu les éléments présents sur le site ou as-tu des matériaux privilégiés que tu importes sur le site ?
Quel rapport entretiens-tu avec le territoire sur lequel tu travailles ?
T’intéresses-tu à la géologie et aux végétaux comme éléments de récolte et matériaux de construction ? Ou est-ce plutôt le paysage qui t’intéresse ?
J-M. Voillot : Le milieu naturel a effectivement une forte incidence sur mon travail, puisque je me nourris du site sur lequel j’exerce avec de fortes connivences mon acte de création. Travailler avec les matériaux du territoire est pour moi une volonté. J’estime que cela donne du sens à l’œuvre, comme si les éléments ambiants m’accréditaient dans ma démarche. Equilibre, harmonie, osmose sont les facteurs de mon action sur la proposition. J’aime à œuvrer en résonance avec le lieu, cela me procure à la fois, physiquement l’énergie et moralement la quiétude. Dans la plupart de mes interventions (symposiums), le travail en résidence in situ me permet d’entrer en symbiose, tant avec les autochtones qu’avec le territoire. Des liens se tissent, que j’entretiens avec le temps, m’enrichissant par la même sur mon parcours.
J’architecture le paysage en me servant des matériaux qui souvent le composent. Une identité visuelle reconnaissable émane de mes installations, la construction par le carré avec de jeunes fûts en bois brut (sapin ou autre essence locale), la valorisation des matériaux qu’ils soient d’ordre minéral ou végétal, l’aspect épuré voir minimaliste, les ambiances méditatives des propositions…mais je laisse le soin au public d’apprécier mes dires.
F.D. : Lorsque tu choisis un site de création, privilégies-tu un lieu délaissé par l’homme ou au contraire des voies de circulation, de passage ?
J-M. Voillot : Tout est fonction de la prégnance du lieu, même si j’œuvre principalement dans des espaces naturels ou la nature ne rencontre que le promeneur…Il peut m’arriver de flirter avec des zones urbaines, parc de ville, espaces publics, mais rarement sur des sites non verdurés sauf dans le cas d’installations intérieures, c’est alors que j’apporte l’aspect verduré à l’espace s’il ne l’est pas, comme pour l’humaniser.
F.D. : Tes œuvres sont-elles éphémères ? Est-ce que tu les répares ou au contraire, ont-elles une issue fatale ?
J-M. Voillot : Mes ouvrages de part les matériaux naturels principalement employés restent éphémères, mais les œuvres peuvent rester malgré tout quelques années en place. Ce n’est qu’à partir du moment où le travail ne revêt plus son sens premier que je préconise sa destruction ou son démontage, sauf si dès le départ elle a pour mission de subir les ardeurs du temps, que sa métamorphose soit programmée.
F.D. : Dernière question. Quel rôle penses-tu jouer dans la prise de conscience de la nécessité d’un rapprochement de l’homme avec sa planète ?
L’art donne à voir et à ressentir le monde. Il nous touche directement par le sensible et non pas la logique ou la politique. Il ne s’agit pas d’une approche politique ou scientifique de la question d’écologie, mais d’une approche sensible. Par une écoute poétique de la nature arriverons-nous à modifier notre rapport au monde ? Quel est ton regard sur cette question d’art, de nature et d’écologie ?
J-M. Voillot : Ma préoccupation n’est pas d’ordre écologique, mais artistique, même si elle a comme objectif d’apporter un nouveau regard sur la nature et les éléments qui la composent.
L’écologie, l’environnement et le développement durable sont des considérations tout à fait respectables et indispensables pour la continuité de la vie des espèces sur terre et pour la biodiversité qui subissent les aléas de notre insoutenable légèreté.
De part ma position « post-Landartiste », je ne peux nier ma préoccupation à une certaine réflexion écologique sans pour autant adhérer aux clichés souvent transportés par des pensées politiciennes. Je suis pour une approche sensible de la nature, loin de toutes préoccupations marchandes, de pouvoir, de surexploitation…dans un système mondialisé. L’équilibre est déjà largement rompu, n’allons pas au delà du raisonnable.
J’espère seulement que la reconnaissance de notre travail sur la nature se s’identifie pas à la mode du moment, mais qu’elle est un sincère besoin de la part de nos concitoyens qui ne se retrouvant pas dans cette logique destructrice, découvre une certaine paix intérieure, une respiration, une énergie réparatrice, à venir nous soutenir par leur présence et leur intérêt pour notre démarche en lien avec la nature.
La nature est tout simplement mon poumon, ma force, mon inspiration…
J’aime à citer la phrase d’Antony Tapiés : « Je scrute la nature, capte les énergies et happent les mystères ».
Fabienne DORE
Responsable de la programmation des expositions
Espace Visitation du Musée de Romans (Drôme)
SALONS :
Divers résidences et symposiums en France et à l'étranger.
Membre du réseau Ainin ( Artist in Nature International Network)
EXPOSITIONS :
Installation in-situ "A CIEL OUVERT AU FIL DE L'EAU" dans la vallée de l'Albarine àSt Rambert en Bugey (Ain)Visible jusqu'au 12 octobre 2015.
GALERIES :
"Centre d'Art de Saint Restitut" SAINT RESTITUT Tél. 04 75 01 02 91
"Galerie 29" 29, rue Nationale, 74500 Evian tél. 04 50 75 29 61
"'Atelier", Ferme Baumet 9 rte de St Paul 26700 PIERRELATTE tél. 06 85 31 64 12
Disciplines | Art Plastique, Installation |
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Sujet | Paysage |
Techniques | Mixte |
Support et matériaux | Bois, Pierre, Papier |
Tendances | Land Art, Art conceptuel |
Code postal | 26700 |
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Ville | PIERRELATTE |
Région | Auvergne-Rhône-Alpes |
Numéro de téléphone | |
Site web |