Emmanuel Bing
Dans un entourage d'artistes et de peintres j'eus très vite, dans l'enfance, accès à des ouvrages de reproductions de peinture, Bosch, Grünewald, Renoir, Dürer, Picasso, Fernand Léger, Dali, Max Ernst, Giaccometti, Masson, Bacon, Blake et de nombreux autres. Je restai très attaché à Bosch, Doré, Dürer, aux eaux fortes de Goya, à Modigliani dont je reproduisais les toiles, à Victor Hugo dont j'aimais les encres — le musée de la place des Vosges était un lieu magique que ma grand-mère m'emmenait visiter — plus tard je fus fasciné par Bellmer, puis bien sûr Balthus et Klossowski, malgré une certaine gaucherie et raideur communes. Un des livres qui me fut offert dans mon enfance était un ouvrage sur Paul Klee, sur lequel je pus construire quelque chose d'une compréhension de la peinture, de son mystère et de sa profondeur, et mon désir de peindre. Il y avait autour de nous Jacques Le Scanff, qui illustrait les livres que ma mère écrivait pour les enfants, et dont la peinture plate, ocre, stylisée, un peu terne et pâle, m'enseigna beaucoup ; il y avait également Henri Déchanet dont les encres eurent pour moi une influence très importante, peut-être à cause de leur liberté et de leur simplicité ; enfin Jean Neuberth, qui était un être délicat et adorable (c'est lui qui m'apprit à tenir en équilibre sur un vélo), un peintre de l'abstraction lyrique qui m'enseigna beaucoup en quelques phrases.
Et puis il y eut un peintre dont nous avions quelques toiles et dessins à la maison, Jamil Hamoudi, précurseur de la peinture moderne et contemporaine en Irak, dont j'appréciais les compositions sans toutefois pouvoir tout à fait y accéder : il introduisait l'écriture arabe dans l'art pictural, écriture et langue qui me restèrent toujours étrangères. J'appris plus tard que cet homme ayant été l'amant de ma mère, était mon père biologique. Dans mon adolescence, au cours d'une courte période de vacance que je passai chez lui, il m'enseigna la peinture au couteau, qui est restée ma technique de prédilection. Bien que mes relations avec lui aient été lointaines et chaotiques, je lui dois sans doute deux ou trois choses concernant l'art, et surtout cette parole, alors que je faisais une réflexion sur une reproduction en noir et blanc de la toile d'un de ses amis peintre, supposant les tonalités qu'elle avait, "tu es peintre" avait-il dit, et par cette validation mettait définitivement un terme à une interrogation muette, alors qu'il m'avait installé pour peindre depuis deux semaines avec lui, dans son atelier, et qu'il interrogeait mon travail, le soutenait et me donnait des conseils et des explications sur les médiums, les mélanges, la térébenthine, et la façon dont il faisait "vibrer" les couleurs dans ses toiles.
Plus tard je fréquentai l'atelier de Max-Henri de Larminat, où je dessinai beaucoup et profitai de modèles nus, et d'une certaine proximité avec le personnage, qui se délita par la suite. Ce que je retiens de lui fut cette parole, alors que je me trouvai démuni devant le dessin de l'oreille du modèle et lui indiquai que je ne savais pas la dessiner, il laissa tomber ce mot, simple et efficace : " regarde ! " ... C'est ce que je fis. Il suffisait de regarder, et non pas de compter sur un savoir antérieur. Regarder, et voir. Simplement. Au présent.
Quelques autres peintres eurent sur moi un impact important, qui permirent de faire évoluer ma peinture. Ainsi Henri Michaux — dont je connaissais l'œuvre poétique, mais pas les encres, qui me frappèrent lorsque je les vis dans une petite galerie de la rue de Seine ; ne pouvant m'en offrir une, je n'avais pas vingt ans, je décidai d'en produire moi-même de semblables. De la même façon cette autre rencontre avec une œuvre que je ne connaissais que par la caricature. Un jour je suis entré, ce devait être en 1979, rue des Beaux-Arts, dans la Galerie Claude Bernard. Il y avait une exposition de magnifiques aquarelles, lavis et encres de David Levine. J’étais fasciné par quelque chose que je ne pouvais m’expliquer, et qui avait trait à la justesse du trait alors que manifestement il était naturel, non pensé, non préparé. Et puis j’ai eu accès à l’explication. Levine disait que ce sur quoi il comptait, c’était l’accident. Le petit truc qui rate, l’erreur dans la réalisation, une tache, une coulure, un truc qui déborde. Et que c’était cela qu’il utilisait. C’était l’accident qui rendait sa peinture si juste. J’ai beaucoup appris ce jour-là. L’erreur c’est aussi une ressource.
Dès mon adolescence j'ai voulu me défaire de la question des influences. Il s'agissait, dans les discussions que nous avions, avec les gens de mon âge qui nous destinions à des carrières artistiques, poétiques et fulminantes, d'être soi-même, et de ne pas se lancer dans un mouvement quelconque, ne pas être un suiveur. L'influence pour moi se limitait à la copie, forcément ratée, forcément sans valeur par rapport à l'original. Aujourd'hui je sais que certains peintres ont eu, et ont encore sur moi une très grande influence ; elle se trouve non pas tant dans les techniques et secrets de fabrication des œuvres que dans la liberté qu'elles transmettent, dessinant dans la contreforme la position subjective particulière de leurs auteurs. Dans une œuvre d'art il y a toujours cette transmission de la liberté, et c'est peut-être ce qui lui donne son caractère sacré, précieux, unique.
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Il n’y a pas de réelle séparation entre les différentes formes d’art de que je pratique. Chacune s’intègre à l’autre, aux autres. La multiplicité des techniques est un épiphénomène, ce qui compte reste ce qui se dit à travers les œuvres, protéiformes et complexes, ou simples et modales. Pour moi, il n’y a pas de vie sans écriture, sans une chandelle posée sur ma table, la nuit, dans le grand vaisseau de pierre que j’habite et qui traverse le temps, au fil de la pensée, de la couleur, de la peau de mes modèles ou de l’odeur de la térébenthine de Venise. Tout cela sert à dire quelque secret sans doute, qui se livre dans la tragédie des profondeurs : je ne le sais qu’à l’écrire, le peindre, le vivre. Le travail est en cours, infiniment, indéfiniment.
Je vis toujours dans ce qu’autrefois un poète suisse appelait ma « nuit de feuilles », avec la « rage » dont m’avait caractérisé un éditeur typographe, avec l’appréhension fragile du sensible, de l’éthique comme esthétique, la condition de l’être et du devenir, dans les entrelacs infinis de la littérature.
Engagé dans la création artistique sous toutes ses formes, les peintures et les encres tournent autour des thématiques du sacré, du désir et de l’éros, de la mémoire... Les livres, pièces de théâtre, chansons, poésies, vidéos, photographies et installations se construisent sur les modes d’architecture du gothique et du baroque.
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• Janvier 2024 - Salon d'Automne - EBSB - Mon chéri Mythique
• Janvier 2024 - Galerie LouLooLook - Exposition collective - Dessin au crayon
• Mai 2023 • EBSB (Emmanuel Bing & Sophie Bloch) - Ecstasis - 3ème Prix du Jury - Festiv’Art Melun
• Octobre 2022 • EBSB - Matrice - Salon d’Automne
• Août 2022 • Pouilly sur Loire - Expo collective - Triptyque peinture à l’huile
• Mai 2022 • EBSB - Envol fil rouge - Prix du Jury - Festiv’Art Melun
• 2 oct 2021 • EBSB - L'Ange - NUIT BLANCHE, Parc de Belleville - 75020 Paris
• 2021 • Dessins à l'encre. Itinéraires arts contemporains. Galerie JF Jeannet, Bourges. Août 2021.
• 2020 • La fenêtre – Installation, Galerie l'Écu de France. Viroflay. Mars à juin 2020.
• 2017 • Les Rois d’Or et la Tisserande (avec Sophie Bloch) – Installations, sur 300 m2, peinture, dessin, sculptures, musique, vidéo, architectures, photographies, textes, Melun, 77.
• 2014 • De peau et d’ombre – Photographies, Paris 15e
• 2013 • Territoires – Photographies, Paris 15e
• Salon des Arts Plastiques de Melun, 77
• 2012 • Salon d’Automne, Paris, Champs Élysées.
• Biennale des photographes du 15e. Paris
• Salon des peintres du 15e, Paris
• Les Hivernales, installation avec Sophie Bloch, Stationnaire de nids au dessus du temple, projet Labyrinthe. Montreuil, 93
• 2010 • Tressages/Traces – Exposition Labytrinthe II, GMAC Bastille. Projet Labyrinthe avec Sophie Bloch
• 2009 • Espaces, Exposition privée, Paris 15e.
• Exposition à la librairie La Terrasse de Gutenberg, à l’occasion de la sortie du livre, Le manuscrit de la mère morte, éditions Maurice Nadeau.
• 2008 • Silhouettes sorties de l’ombre. Centre Brancion, Paris 15e. Exposition commune avec Sophie Bloch.
• 2ème Prix, peinture, au Salon des Artistes Peintres et Sculpteurs du 15e
• 2007 • Portes obscures et murs blancs, Paris 15e
• 2006 • 23e salon des artistes peintres et sculpteurs du 15e
• Anges & démons, Galerie les ailes du temps, Paris 15e
• À l'infini, rue Bréguet, Paris 11e
• 2005 • Exposition collective au Plessis feu Aussous, 77
• Alchimies, Palais de la Culture de Puteaux, 92
• 2004 • Salon de printemps de Coulommiers, 77
• Exposition au siège d'Air France, à ROISSY
• Au delà des apparences. Le Vésinet, 78
• 2003 • La série japonaise, passage Albert 1er, Paris 17e
• Dans l’ombre de la forêt, rue Boutebrie, Paris 6e.
• Traversées, Ombres de Venise et des villes d’or, Vanités. Rétrospective. Paris 15e
• 2002 • D’air & de feu, rue Bréguet. Paris 11e
• Salon de Printemps, Coulommiers, 77
• Têtes de terre et de sable, Exposition rue Saint-Charles, Paris 14e
• 2001 • Domaine du rêve, Centre des Arts Vivants, 2 rue Bréguet. Paris 11e
• Domaine du sacré, Galerie Jardin, Paris 14e.
• 2000 • Salon de Printemps à Coulommiers, 77
• Arbres, paysages & visages, rue Bréguet, Paris 11e
• 1997 • Exposition collective au Plessis-feu-Aussous
• 1996 • Exposition collective au Plessis-feu-Aussous • Exposition collective à Rozay en Brie.
• 1995 • Le Compositeur. Exposition personnelle, allée Darius Milhaud, Paris 19e.
• 1990 à 1995 • Peinture à l’huile, élaboration d’un travail structural, sous-jacent au discours pictural, permettant à la fois le repérage des lignes dites et des lignes induites, des fuites et perspectives, des traverses de sens qui unissent et séparent conscience, réel, spirituel, désir et terre.
• Expositions : Rozay-en-Brie, Le Plessis-feu-Aussous, 77
• 1985 à 1990 • Peinture à l’huile sur toile. Une technique très affirmée au couteau, des recherches dans de nombreux secteurs. Travail en à-plat et cernes. • Exposition à Voinsles, salle communale, en Seine-et-Marne.
• 1980 à 1985 • Recherches sur les encres. Une série d’œuvres denses nommée Les séminaires. Séries d’autoportraits, comme si l’autoportrait devait devenir une signature.
• 1976 à 1980 • Paris. Peinture à la craie, encres. Dessin d’après modèle et dessins d’imagination dans divers ateliers.
• 1974 à 1976 • Nombreuses techniques, encres, lavis, aquarelles, plumes d’oie, plumes diverses.
• 1973 • Premières œuvres sur bois, huiles et gouaches. Période abstraite. Travail à partir d’outils créés par l’artiste, règles et grattoirs.
Disciplines | Aquarelle, Art Plastique, Dessin, Graphisme, Installation, Livre d'artiste, Peinture, Photographie, Sculpture |
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Sujet | Composition abstraite, Création multimédia, Nature morte, Nu, Objet, Paysage, Portrait |
Techniques | Aquarelle, Crayon, Encre, Huile, Mixte, Pastel, Photographie, Vidéo |
Support et matériaux | Bois, Carton, Images numériques, Linoléum, plastique, polyesther, Papier, Photographie, Terre cuite, Toile |
Tendances | Abstraction Lyrique, Abstraction symbolique, Art conceptuel, Expressionnisme, Figuratif, Figuration libre |
Code postal | 77540 |
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Ville | VOINSLES |
Région | Île-de-France |
Numéro de téléphone | |
Site web | https://www.emmanuelbing.fr |