Christophe MIRANDE
En rentrant dans l’univers artistique de Christophe Mirande, le visiteur conçoit ce que le mot création implique. Loin d’un art signifiant et démonstratif, chez Christophe Mirande, l’émail invite à un dialogue fait d’échanges ouverts à la suggestion et aux figurations de l’imaginaire de chacun. Un art généreux où l’artiste n’impose pas sa présence en saturant le support de signes fermés mais, au contraire, un espace offert aux regards les plus contrastés. Cet échange spontanément induit par la contemplation des œuvres s’inscrit dans un dialogue de l’intime où l’« Alchimie Mirande » [...] condense avec force les projections artistiques. En donnant à voir un jeu subtil de résonances entre les pièces [...] l’émail révèle sa nature lumineuse. Il établit de fines correspondances à la fois matérielles, chromatiques et sensorielles. À l’image du feu qui le modèle, l’émail révèle une matière insaisissable, indomptable, à laquelle l’artiste se soumet avec humilité sans jamais chercher à la dominer. Le procédé chimique ordonne le tableau, en sculptant selon une logique insoupçonnée : il serait vain d’y guetter le geste d’énonciation au détour des lignes, et des volutes polychromes, dans les épaisseurs et la densité de la matière, dans les jeux de variations de la lumière. L’alchimie opère en taillant dans la matière elle-même et hors de son champ d’action, en stimulant l’œil et ses constructions mentales. Au-delà de la spectaculaire beauté plastique, d’aucuns y verront une dimension spirituelle, d’autres une dimension religieuse, d’autres encore une célébration paroxystique de la couleur. Pas de mot d’ordre là non plus. La liberté créatrice s’invite par effet spéculaire dans la liberté de réception. Malgré leurs singularités, ces artefacts ne s’affranchissent pas du temps, ils pérennisent une conception artistique occidentale où, progressivement, l’artiste s’est affranchi des injonctions mimétiques, en optant pour des représentations fondées sur davantage d’abstraction. De Van der Weyden à Rothko en passant par Soulages, les aplats de couleurs vives proposent une plongée dans les profondeurs des compositions visuelles, toujours en quête de plus de lumière.
Ainsi l’artiste émailleur est-il ici à la fois passeur et révélateur, dépositaire et découvreur. De l’accident, il explore, il compose, en organisant des mosaïques ; de l’intempestif, jaillit une narration nouvelle, exclusive à l’objet pluriel. L’arc-en-ciel à huit rais, au centre de l’exposition, fait chanter ses couleurs dans un concert silencieux. En son coeur, le zinc, comme une césure visuelle. De sa matière opaque et rugueuse, le métal impose un nouvel ordonnancement, inscrit dans le temps long et dans l’écorce terrestre. Ses lignes marquent les contours et les limites telle une lave incandescente. C’est dans les forces telluriques que l’émail chatoie et projette son puissant éclat. Pour notre plus grand plaisir, la matière et le feu redessinent ensemble, dans l’expérience renouvelée de l’alchimie, une cartographie du sensible.
Sarah Voinier - Université d’Artois - 2017
Disciplines | Art Plastique, Installation |
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Sujet | Composition abstraite, Nature morte |
Techniques | Mixte |
Support et matériaux | Verre, Métal, Pierre |
Tendances | Figuration libre, Abstraction symbolique, Abstraction |
Code postal | 75018 |
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Ville | Paris |
Région | Île-de-France |
Numéro de téléphone | 0688710652 |
Site web | https://mirande.eu |