Caroline Audry parle avec la couleur.
De ses premiers collages et dessins en noir et blanc, elle a conservé la ligne graphique et
le motif obsessionnel, qu’elle répète à l’infini comme un remède à son horror vacui.
Dans le motif cellulaire de l’infiniment petit, c’est l’infiniment grand qu’elle donne à voir :
le voyage de mille lieues, une cosmogonie, la trame mentale de l’esprit humain.
Mais Caroline Audry sait surtout faire parler la couleur.
En lui insufflant la vie, comme lorsqu’elle souffle l’encre dans sa série
« Caro aux Carrés d’Arboresens », elle lui offre une force créatrice intrinsèque et donne à l’œuvre une âme qui guide sa main.
Si la création est instinctive, intuitive, faussement aléatoire, c’est que le geste, inné, est hérité de la pulsion créatrice des tous premiers hommes.
Le 4 réduction du nombre 22, apparaît en bas à droite dans cette série comme signature intégré et dissimulé au sein du quatrième carré, comme une incarnation de l’artiste dans l’œuvre.
Si l’empreinte de ses pieds et mains est une marque identitaire forte, Caroline Audry explore le motif de la croix, affranchie du symbolisme christique que la culture traditionnelle lui associe. Ses croix en verre (technique Tiffany), sont des ondes de vie, des ondes de formes, la réunion du tout, de l’unité des quatre branches, du rassemblement des quatre coins du monde, du chemin de vie numérologique de l’artiste.
Et puisque renaissance rime avec délivrance, Caroline Audry se réinvente dans son œuvre et continue d’avancer sur son chemin de création.
Même le plus long des voyages commence par un pas et la destination importe peu :
le pèlerinage ne mènera nulle part puisqu’il est intérieur, il ne sera pas physique car l’artiste le préfère spirituel.
Et puisque l’œil sait écouter, Caroline Audry lui parle.
Elle lui parle de la vie, de la finalité de l’existence, de la générosité de la nature et de la complexité du cosmos.
Reflet d’une quête existentielle, son œuvre sait questionner le monde et ses contradictions, comme dans ses poésies déclamées dans le CD Cieletair, parfois ésotérique.
Elle raconte l’impuissance face au plus grand que soi, le sentiment de vacuité face au monde, la difficulté de vivre comme de mourir, la lueur vacillante de la flamme de son bonheur, la peur de finir sans connaître le but de l’existence...
Hypersensible et empathique, à fleur de peau, Caroline Audry déroule dans ses œuvres
le « fil de soi » et ce faisant, elle nous montre un peu d’elle-même, beaucoup du monde et énormément de nous.
Cécile Merelli
Disciplines |
Art Plastique, Dessin, Installation, Peinture, Performance, Vitraux |
Sujet |
Composition abstraite |
Techniques |
Acrylique, Collage, Crayon, Encre, Mixte, Pastel |
Support et matériaux |
Papier, Verre |
Tendances |
Abstraction symbolique, Art Brut |