CHRISTINE VINANDY

Je peins depuis que je sais tenir un crayon dans la main, ai-je envie de dire!

Comme une évidence, je m'oriente vers des études artistiques, baccalauréat Arts-Plastiques et tout naturellement à l'Ecole Nationale des Beaux Arts de Metz. Je me façonne à un savoir exigeant et à la connaissance de l'Art.

Après ces études, c’est plusieurs métiers. Coloriste dans le dessin animé à France 3 Nancy. Peintre en décors à Paris. Designer de site Web, peintre en décors pour fresques murales et décoratrice pour le théâtre à Vienne (Isère).

L'étude de la psychanalyse avec le diplôme d'Art-Thérapeute en dernier, est structurante. Comme un moment d’interrogation sur mon parcours multiple, riche en expérience et ma relation intime avec ma peinture.

Car il n’y a en définitive que ma peinture qui compte.
L'important est d'être dans l'expression.

Le regard avisé du peintre français Philippe Charpentier sur mon travail m’encourage, comme le besoin d’un regard. Une rencontre comme un élément fondateur.

"Mettre de l'ordre en soi comme l'homme qui laboure au bon moment." Willem de Kooning.

Ma peinture se réfère à l'expressionnisme abstrait. Car c’est d’abord le geste qui est valorisé puis la couleur. (Action painting- colorfield painting).

J'utilise l'acrylique. Elle permet un séchage rapide qui correspond à mon tempérament et permet au geste de se libérer. Je commence toujours plusieurs toiles à la fois. J'ai un espace restreint donc je me limite sur les formats.

Je m’imprègne de l’environnement, la perception que j’ai du monde qui m’entoure. Je suis à l’écoute de mes sens. Un espace sensoriel se laisse infuser, tel un saisissement.

Et quand je me retrouve face à la toile, tout cela va dans mon travail, dans la rencontre avec la matière. L'idée de cette nature, des reflets de l'eau que j'affectionne sont gravés dans ma mémoire. Je peins tout le temps même sans pinceau.

C'est dans un premier temps un travail corporel. Le geste qui se libère.

Après le pulsionnel, vient la réflexion, le mental.  Il y a un mélange entre ce qui est voulu et les accidents que l'on peut rencontrer.

"Il y a toujours, me semble-t-il, en peinture, et peut être dans les autres arts, une part de maîtrise et une part de surprise, et cette distinction rejoint peut-être le champ de ce que la psychanalyse a défini comme conscient et inconscient." Francis Bacon.

Ma peinture est comme un flux, elle exprime une temporalité, une création vive. Un lieu d’une expérience sensible et sensuelle.

Les couleurs jaillissent, s’entrecroisent, s’entremêlent comme en reflet à l’émanation de la vie. Un champ de conscience. La couleur est comme une partition musicale. Les formes se dessinent dans la couleur, s’esquissent pour atteindre une intensité, une résonance du corps, l’écho d’une introspection sur les fléaux de notre monde.

Ce qui m’intéresse dans mon travail c’est le mot "Résonance"

La résonance comme deux mouvements complémentaires :

- d’un côté, une ouverture au monde, une capacité à l’inviter et à se voir affecté par lui ;

- d’un autre côté, le pouvoir d’y agir, et de reconnaître notre activité en lui.

La résonance contient ces deux éléments que sont la différence – avec ce que je ne comprends ni ne maîtrise pas parfaitement – et la transformation – je ne demeure pas dans le même état au cours de ce processus.

La subjectivité se construit à l’entrecroisement du « corps » et du « social ». La « matière » psychique émerge à partir du substrat corporel, de la sensorialité, de la pulsionnalité, de la perception, et de la rencontre avec l’autre, avec plusieurs autres, avec le social, avec le monde.